De l’Iran aux Pays-Bas : l’enfance de Sevdaliza marquée par l’exil
Née le premier septembre 1987 à Téhéran, Sevda Alizadeh, plus tard connue sous le nom de scène Sevdaliza, voit sa vie basculer à l’âge de 5 ans. Sa famille quitte alors l’Iran pour s’installer aux Pays-Bas, un déracinement qui marque profondément la jeune fille. D’origines azerbaïdjanaise, russe et perse, Sevdaliza se retrouve immergée dans un nouvel environnement culturel et linguistique. Cette expérience de l’exil forge sa personnalité et son rapport au monde. Elle se souvient notamment d’un trajet en bus dans une petite ville néerlandaise, au cours duquel elle entend pour la première fois une chanson dans cette langue encore inconnue qui deviendra la sienne. Malgré le sentiment d’isolement qui l’accompagne durant son enfance, Sevdaliza développe une résilience et une ouverture d’esprit remarquables. À 7 ans, elle trouve refuge dans la musique grâce aux radios pirates et mémorise les paroles de The Notorious B.I.G. Cette première passion pour la musique devient un moyen d’évasion et d’expression pour la jeune fille. Polyglotte, elle maîtrise aujourd’hui le persan, le néerlandais, l’anglais, le français et le portugais.
Une jeunesse sportive et studieuse
À 16 ans, Sevdaliza quitte le foyer familial, propulsée par une bourse de basket-ball qui marque le début d’une carrière sportive prometteuse. Son talent sur le terrain la mène jusqu’à l’équipe nationale néerlandaise. Cette expérience forge son caractère, et lui inculque une éthique de travail rigoureuse qui influencera plus tard sa carrière artistique. En parallèle de sa carrière sportive, Sevdaliza poursuit des études universitaires avec la même ardeur. Elle décroche un master en communication. Cette double vie d’athlète et d’étudiante témoigne de sa soif d’accomplissement et de sa volonté de repousser ses limites. Mais malgré ses succès sur le terrain et dans les amphithéâtres, Sevdaliza ressent un vide créatif. À 24 ans, elle prend une décision courageuse : abandonner le monde du sport professionnel pour se consacrer à la musique. Sans formation musicale formelle, elle s’initie au chant et à la production musicale de manière autodidacte.
Les débuts musicaux tardifs de Sevdaliza, une artiste autodidacte
En mars 2014, Sevdaliza dévoile son premier single "Clear Air", accompagné d’un clip vidéo. Cette sortie marque le début d’une série de singles qui rencontrent de plus en plus de succès auprès du public. "Sirens of the Caspian" et "Backseat Love" suivent et viennent préfigurer son premier EP. Janvier 2015 voit la sortie de "The Suspended Kid", son EP inaugural sur lequel elle travaille pendant plus d’un an et demi. Le titre de l’EP reflète son expérience personnelle. Le morceau "Marilyn Monroe" se distingue particulièrement, son clip réalisé par Hirad Sab contribuant à l’esthétique visuelle distinctive de l’artiste. Cette même année, Sevdaliza sort son deuxième EP, "Children of Silk", qui témoigne déjà d’une évolution artistique. Elle y explore des textures comme la peau, le verre et la soie et propose une approche conceptuelle de sa musique. Ces premières réalisations révèlent une artiste qui, malgré son entrée tardive dans le monde musical, développe rapidement un style unique, entre trip-hop, RnB alternatif et pop expérimentale.
D’autodidacte à icône de la musique avec "ISON"
La consécration arrive en 2017 avec la sortie de son premier album "ISON". Nommé d’après une comète rasant le soleil, ce projet ambitieux de 16 titres inclut les morceaux phares "Human" et "Amandine Insensible". La pochette, qui représente une sculpture hyperréaliste de l’artiste créée par Sarah Sitkin, illustre parfaitement l’univers unique de Sevdaliza. "ISON" reçoit un accueil critique enthousiaste : l’album se hisse à la cent-quatre-vingt-douzième place du classement néerlandais, une performance remarquable pour une artiste indépendante.
Sevdaliza, une artiste engagée en constante évolution
En 2017, Sevdaliza sort "Bebin", son premier morceau en persan, en réaction au décret anti-immigration de Donald Trump. Son album "Shabrang" (2020) approfondit cette démarche introspective et politique. Le titre, qui signifie "nuit colorée" en persan, évoque la dualité de son identité. À travers des morceaux comme "Habibi" ou "Gole Bi Goldoon", Sevdaliza met en avant ses racines. En 2022, elle sort "Women Life Freedom" en persan et en anglais en soutien aux manifestations en Iran suite à la mort de Mahsa Amini. Sevdaliza s’engage également dans la découverte des nouvelles technologies. En 2021, elle dévoile un robot qu’elle a développé pendant plusieurs années. Sa collaboration avec Grimes sur "Nothing Lasts Forever" (2023) illustre son intérêt pour l’intelligence artificielle. Le clip, qui utilise l’IA pour superposer leurs visages sur des corps de culturistes, questionne les notions d’identité et de genre.
En 2024, Sevdaliza rencontre le succès international grâce à sa collaboration avec les artistes française et brésilienne Yseult et Pabllo Vittar. Ensemble, le trio sort le titre "Alibi" qui amasse les millions d’écoutes et se place dans de nombreux classements de single à travers le monde et notamment le prestigieux Billboard Hot 100 américain.