Pour la petite histoire…
Donat se destinait à travailler dans la communication culturelle. Son BTS en poche, il s’octroie une pause dans ses études et enchaîne les petits boulots. En 2010 il rencontre un étudiant en jeux vidéo et découvre que le gaming peut devenir un métier, c’est le déclic.
En 2011 Donat retourne sur les bancs de la fac et obtient un Bachelor en Conception et Coordination d'Univers Vidéoludiques. Après 1 an de stage en game design et community management chez LEXIS numérique (jeu Alt-minds), il devient testeur chez Ubisoft (série Assassin’s Creed, épisodes 4, 5, 6) puis freelance (The Good Drive). Depuis 1 an Donat travaille chez Arkane Studios à Lyon (pour le jeu Dishonored 2, sortie prévue pour novembre prochain). Rencontre.
Testeur de jeux vidéo, c’est quoi ?
Le rôle du testeur évolue beaucoup en fonction de la phase de production où on se situe. Il en existe 4 :
- Conception (phase où on imagine le jeu)
- Pré-production (mise à plat sur papier, mise en images, création de prototypes pour tester les mécaniques de jeu)
- Production (c’est la fabrication du jeu, tant sur partie graphique que pour le son par exemple)
- Post-production (c’est la phase de suivi, une fois que le jeu est sorti, il s’agit d’intégrer des patches correctifs destinés à améliorer le jeu)
Toi en tant que QA tester (1), quelle est ta mission ?
Mon rôle est de soutenir la production. En fait chaque poste est très spécialisé (scénaristes, web designers…) et chacun à tendance à travailler de son côté. Le rôle du QA tester est de mesurer l’avancée du travail, d’évaluer que tous les éléments fonctionnent pour faire gagner du temps aux autres métiers qui ont souvent la tête dans le guidon.
Par exemple une porte qui ne s’ouvre pas dans le jeu, si les équipes ne comprennent pas pourquoi ça coince, c’est nous qui allons vérifier pour tenter de résoudre le problème.
Pour devenir testeur de jeux, existe-t-il un profil type ?
Les profils sont très variés : certains sont spécialisés en game design, d’autres en graphisme, ils font le même boulot mais avec des sensibilités différentes. Certains viennent de l’IT, d’autres du monde des langues, voire de la psychologie pour analyser l’expérience du joueur…
A l’entrée pas besoin de savoir coder, faut surtout connaître le b.a.-ba. Les exigences techniques sont moindres que pour d’autres postes dans le gaming. Ce n’est pas parce que le boulot est simple mais c’est la porte la moins gardée de l’industrie, cela requiert des compétences mais surtout un état d’esprit.
On a tendance à imaginer que votre job consiste à jouer à la console dans un canapé en mangeant des chips. C’est un cliché ?
On mange des chips oui, mais pas de canapé (rires). J’entends effectivement beaucoup de clichés sur mon métier, autant que sur les développeurs de jeux d’ailleurs, qui ne sont pas forcément des mecs crasseux qui écoutent du métal...
Les profanes s’imaginent souvent qu’on teste des jeux « finis ». Mais on ne travaille pas sur un produit abouti. Côté qualité graphique par exemple, quand je teste un jeu mes personnages sont des cubes.
Côté salaire et perspectives d’évolution, on peut faire carrière dans le test ?
Cela dépend des studios : dans certaines entreprises c’est assez cloisonné et dans d’autres boîtes des gens qui viennent du test peuvent évoluer. La fourchette de salaire brut annuel se situe entre 16000 et 22000€.
Si vous interrogez des jeunes dans une école de jeux vidéo, la plupart vous répondront qu’ils ne souhaitent pas devenir testeurs. Contrairement aux idées reçues, la majorité des testeurs y consentent comme un levier de carrière, mais ne souhaitaient pas faire du test à la base… Et pourtant, personnellement, j’aime cette position d’aide à la production où on virevolte dans tous les domaines du jeu.
(1) Le « Quality Assurance Tester » a pour vocation de tester un logiciel et de l'expurger de ses dernières erreurs