Des superhéros... loin d'être héroïques
Le succès de "The Boys", l'adaptation en série des comics créés par Garth Ennis ("Preacher") et Darick Robertson ("Transmetropolitan") tient particulièrement à deux facteurs : la bande dysfonctionnelle et badass des Boys, les antihéros de la série, et les exactions amorales des Sept, leurs antagonistes principaux. La particularité des "méchants" de "The Boys", c'est qu'aux yeux du grand public, ils sont en réalité les vrais superhéros garants de leur sécurité.
Mais l'envers du décor est bien plus sombre. Les Sept sont en fait sept personnages aux pouvoirs surnaturels, qui leur sont apparus lorsqu'on leur a injecté une substance mystérieuse, le Composé V, dans le ventre de leur mère. Le problème, c'est que les héros obtenus sont loin d'être héroïques. Certes, chacun a sa particularité : la Reine Maeve (Dominique McElligott) peut voler et dispose d'une force surhumaine, A-Train (Jessie Usher) se déplace à la vitesse de la lumière, l'Homme-Poisson (Chace Crawford) peut respirer sous l'eau et communiquer avec les créatures marines, Black Noir (Nathan Mitchell) est un pilote émérite extrêmement discret et doté d'une force surhumaine... et le Protecteur (Antony Starr), leur leader, est le plus puissant de tous. Mais loin de vouloir défendre la veuve et l'orphelin, les Sept sont moralement corrompus, incompétents, dépravés, et ne pensent qu'à leur profit personnel.
Un groupe qui n'en est pas vraiment un
C'est d'ailleurs l'une de leurs innombrables boulettes qui est le point de départ de la série, quand le pauvre Hughie Campbell (Jack Quaid) a le malheur de perdre sa petite amie, littéralement désintégrée par la course non maîtrisée d'un A-Train complètement défoncé. En intégrant les Boys, Hughie découvre toute la vérité sur les Sept aux côtés de Billy Butcher (Karl Urban), et notamment les dissensions qui existent au sein du clan.
Leur unité de façade et leur bonne image ne tiennent en réalité que par la collaboration des Sept avec la puissante corporation Vought-American qui les emploie et "nettoie" leurs bavures. Et même au sein des Sept, tout le monde n'est pas prêt à toutes les exactions comme le Protecteur. La petite dernière notamment, Stella (Erin Moriarty), capable de projeter des lumières éblouissantes et de voler, déchante très rapidement en découvrant l'envers du décor, et que le tableau auquel elle s'attendait est tout sauf idyllique.
Une réflexion politique et satirique sur le concept de superhéros
Derrière ses provocations gore et grinçantes, "The Boys" est aussi une série profonde et politique sur la nature des superhéros et sur le danger que peut représenter leur adoration sans limites. Par leur apparence physique et leurs superpouvoirs très proches de certains superhéros célèbres (le Protecteur/Superman, Queen Maeve/Wonder Woman, A-Train/Flash), les comics d'origine ont été parfois considérés comme une parodie de la Justice League de DC Comics, ce qu'a réfuté Garth Ennis.
En revanche, les Sept sont bien le symbole de ce que peuvent donner le costume et les pouvoirs des superhéros quand ils sont placés entre de mauvaises mains. Car comme le disait un autre superhéros bien connu, "un grand pouvoir implique de grandes responsabilités"...