À une heure où le joueur est habitué chaque mois à évoluer librement dans un décor ouvert somptueux et une résolution qui oscille entre 1080p et 4K, le constructeur japonais tente un pari.
Celui de créer un monde immense et sans frontière, probablement le plus grand à ce jour, sur deux consoles dont la technologie ne permet aucune folie technique.
Cela se ressent dès les premiers pas dans ce nouvel Hyrule tout tremblotant et dont la résolution ne dépasse pas les 900p. Mais il y a un constat évident au bout, vous n'avez jamais joué à une telle qualité de monde ouvert.
Et ça en devient limite insolent pour la concurrence.

Vers l'infiniment généreux
Breath of the Wild abat les sentiers connus du monde ouvert et prend des risques avec la licence.
Il faut donc commencer par se purger de nos petites habitudes, car ici c'est l'aventure libre. Une aventure qui commence sur un point A de la carte mais ne fera rien pour vous guider jusqu'au point B.
Vous pouvez directement partir affronter votre Némésis, ce boute-en-train de Ganon qui a une nouvelle fois emprisonné la volatile Zelda. Rejoindre quatre points de la carte très éloigné qui vous en apprendront plus sur la guerre qui opposa le jeune Link, sa princesse, et ses quatre cavaliers cent ans plus tôt.
Ou aller où bon vous semble pour vivre votre propre aventure car le jeu étale du contenu partout sur la carte. Ici on ne propose pas du grand pour faire du grand.
Un programme chargé
Dompter des chevaux, réussir les épreuves des différents sanctuaires pour développer vos points de vie ou votre jauge d'endurance. Escalader une montagne pour découvrir des panoramas de rêve, visiter chaque village et aider la population locale. Breath of the Wild n'est assurément pas avare en contenus.
On serait presque tenté de le comparer à The Elder Scrolls III : Morrowind pour la liberté, Xenoblade Chronicles X pour l'intelligence de son décor ouvert, le tout emballé avec le savoir-faire Nintendo pour les énigmes, les boss épiques, et une touche inhabituelle de mise en scène pour cette licence. Hormis le fabuleux Skyward Sword dont on vous vantait les mérites il y a encore quelques jours.


Un temps pour s'adapter
Malgré tout, ce n'est pas dit que vous appréciez l'offre dès le début.
Il faut dire que Nintendo nous avait habitué à plus de confort. Notamment au niveau de la prise en main qui nécessite quelques heures de jeu pour ne plus s'emmêler les pinceaux et réussir à choisir les bonnes flèches de son arc au lieu de changer de bouclier, et modifier son arme sans la jeter.
Surtout que le jeu est pensé pour la Nintendo Switch et ne cherche pas à s'adapter sur Wii U en affichant l'inventaire sur le GamePad. Il y a aussi cet équipement fragile qui peut agacer. Vous venez donc de looter une nouvelle arme, mais elle se brise en dix coups, ou plus si cette dernière est de meilleure qualité.
Ici, tout ou presque a une date de péremption, jusqu'à votre monture. Vous pouvez dompter des chevaux sauvages, mais la fidèle Epona n'est plus qu'un lointain souvenir... sauf si vous avez le bon Amiibo pour l'invoquer (les Amiibo débloquent différents bonus chaque jour). C'est un choix de game design, libre à vous de l'accepter ou non.
La promesse
Breath of the Wild ne cherche donc pas à amadouer le grand public, ni à plaire aux joueurs plus hardcore. Il propose sa sauce, et vous laisse l'assaisonner selon vos goûts du moment.
Vous pouvez passer la journée à couper du bois pour faire un feu et cuisiner, chercher de la matière première pour améliorer l'équipement au lac des fées avant d'attaquer un campement gobelin car leur coffre à trésors vous fait de l'oeil.
Vous pouvez visiter chaque région et noter les points importants avec l'indispensable longue-vue. Ou photographier un coffre pour ajouter une entrée sur la tablette Sheikah qui sonnera dès qu'un coffre se trouve à portée.
Il n'y a aucune règle à suivre, c'est votre aventure personnelle. En sachant qu'à tout moment, une quête principale épique vous attend avec quatre donjons à l'ancienne, des boss, des objets légendaires, et un vrai scénario.
Breath of the Wild est un jeu exigeant, généreux, esthétiquement fou, et divinement beau en mode nomade sur Switch. C'est un jeu vidéo des années 90 aux couleurs de 2017, et assurément un très grand jeu d'aventure.
