Valkyria Chronicles Remaster tombe à pic pour aborder le Tactical à la japonaise, un genre que nous avions écorché faute de place dans notre CHRONIQUE consacrée à XCOM : Enemy Unknown. Avant toute chose, sachez que Sega n'a encore rien officialisé. Le jeu sort le 10 février au Japon et l'éditeur communiquera ensuite sur une éventuelle sortie de territoire. Toutefois, la confiance règne puisque le jeu est déjà sorti en France sur PS3 (31 octobre 2008) puis sur Steam (11 novembre 2014). Et le Japon est en forme depuis quelques mois (revival des années PS1/PS2), même sur PC comme on le disait récemment. Sega aurait tort de ne pas lui payer un passeport Monde... et pourquoi pas une traduction française ! En attendant une bonne nouvelle, toutes les photos ont été prises à partir de notre version PC.
Fausse action, vraie tactique
Valkyria Chronicles a cette particularité de masquer les cases d'un plateau de Tactical classique en laissant le joueur se déplacer librement. Une jauge détermine son nombre de pas restants et varie selon la classe sélectionnée. Un Scout peut parcourir de longues enjambées tandis que le Sniper s'épuise au bout de quelques mètres (vous savez à présent pourquoi les snipers campent dans Black Ops III, ils jouent «roleplay»). Lors d'une attaque, le joueur arme là encore son fusil et vise le corps ou la tête manuellement. Malheureusement, la confusion est totale...
À sa sortie, le joueur a eu un peu de mal à se familiariser avec cette tactique. Il a beau viser, louper un tir de roquette à dix mètres n'est pas rare et il n'améliore pas son pourcentage de réussite alors que son fusil est posé sur le crâne de sa cible. Tout simplement parce que ce dernier est couvert par un sac de sable et passer par derrière ne changera rien à cette règle.
Un cahier des charges logique
Il faut lui consacrer quelques heures pour comprendre les règles du jeu. Un sac de sable protège un soldat même si la moitié de son corps est visible, et le tir à la tête est impossible. En augmentant de niveau avec vos cinq classes, vous débloquez des capacités uniques qui s'activent en fonction du terrain ou de l'affinité avec les autres membres de l'équipe (que vous pouvez changer au QG). Et puis il y a le passage au niveau élite (11 sur 20) qui ajoute de nouvelles armes (le lance-flamme !).
Valkyria Chronicles n'a donc pas la logique d'un jeu de tir mais bien celle d'un RPG. Vous allez farmer, améliorer vos troupes, débloquer des buffs et transformer un sniper aveugle en tireur d'élite ou votre copine Alicia en folle furieuse capable de finir le niveau en un tour, seule contre tous ! Le principe même du jeu japonais qui change une équipe de bras cassés en super-héros.
Tactical à la japonaise !
Valkyria Chronicles ne cherche pas les possibilités tactiques d'un XCOM car son public est autre. Le jeu mise sur le scénario et l'attachement au casting, du méchant aux héros dont on retiendra encore les noms dans dix ans. « Tu te souviens d'Alicia ? Un pitbull ! », « Mouais, c'est un Yorkshire comparé à Orlandu dans Final Fantasy Tactics mais c'est pas mal ». Alors que vous aurez beau consacrer cent heures à XCOM et remercier les possibilités tactiques, vous avez déjà oublié la nature du conflit et les personnes impliquées car le jeu s'en moque.
Alors si vous avez tenté l'aventure en 2008 sur PS3 ou récemment sur PC et aviez l'impression que l'IA trichait à chaque carte... retournez dessus et améliorez vos classes. La démesure à la japonaise arrive bien assez tôt pour procurer la juste dose d'épique. Et vous découvrirez un jeu prenant, aux situations naïves et parfois cruelles. Mais aussi un jeu à l'esthétique si intouchable qu'elle lui permet de se montrer en 2016 sans rougir de la concurrence, sans oublier sa bande-son cinq étoiles. Et oui, un Tactical japonais sait parfois être beau et bon... contrairement à Disgaea 5 qui est aussi vilain que (très) bon ! Alors priez pour que Sega le sorte du territoire et nous laisse profiter du lissage PS4, de la difficulté bonus pour les batailles annexes et des trois chapitres supplémentaires autrefois en DLC.