Syberia était, jusqu'ici, une série brillante reconnue pour ses qualités d'écriture, ses énigmes intelligentes, et une ambiance unique renforcée par une bande son ultra maîtrisée.
C'était l'un des grands noms du point & click, un genre en voie d'extinction... et que nous pensions voir renaître avec Syberia 3. Mais quelque chose s'est mal passée, et le jeu tant attendu placarde malheureusement ses défauts trop rapidement.

Mon royaume pour un patch
Dès l'introduction, Syberia 3 souffre. Le jeu affiche une plastique indigne d'une production moderne et trouve le moyen de saccader à chaque course.
L'héroïne Kate Walker tente donc de courir, le froid a d'ailleurs sacrément engourdi ses jambes vu sa démarche pachydermique, tandis que le compteur de fps joue l’électrocardiogramme même sur notre PC gamer : 60 fps, 25, 60, 40, 60, freeze...
Mais le plus énervant dans l'histoire concerne la prise en main. Le jeu indique qu'il est plus jouable à la manette... mais cela ne signifie pas qu'il est bien pensé pour. En fait, il est catastrophique au clavier-souris et « moins pire » au pad.
Le joueur a donc du mal à interagir avec son environnement, à se diriger ou à comprendre ce qu'il est possible de faire. Surtout qu'il ne peut pas anticiper à chaque fois.
Il voit donc cette vis à retirer, ce couteau juste à côté qui ferait l'affaire, mais il doit d'abord parler avec un autre individu pour activer l'interaction avec le couteau. Et ce n'est que la première énigme ! D'ailleurs... parlons-en.
Des énigmes inégales
L'une des grandes forces de la série concerne évidemment la justesse des énigmes.
Mais là encore, le jeu alterne les puzzles compliqués et intelligents (en majorité, on vous rassure), les puzzles farfelus, et ceux clairement énervants (redémarrer le paquebot).
Et souvent, le joueur bloque dans Syberia 3 non pas parce qu'il est idiot, mais parce que rien n'est clair. Comme ce fourreau d'épée sur lequel les développeurs espèrent que l'on comprenne la démarche (celui de reproduire un dessin mais sans aucun exemple). Indice, c'est une sorte de pieuvre, mais un modèle sorti d'un test de Rorschach.


« Alors, on oublie ? »
Oui et non. Les amoureux de Syberia 1 et 2 arriveront sans doute à fermer les yeux sur les innombrables défauts, ne serait-ce que pour passer une quinzaine d'heures en compagnie de Kate « Lara Croft » Walker.
Ou encore afin de profiter de l'ambiance car les compositions sont réussies, mais pas toujours bien placées.
Ceux qui regrettent la grande époque du point & click trouveront éventuellement la proposition nostalgique, même si la prise en main est catastrophique.
En revanche, on déconseille l'achat aux curieux car le jeu enchaîne les références mais n'explique quasiment rien (débrouillez-vous pour savoir de qui ou de quoi l'interlocuteur parle). Autant en profiter, si la curiosité se fait ressentir, pour découvrir les deux premiers jeux (chefs d’œuvre intemporels) disponibles sur PC, PS3, Xbox 360, iOS et Android.
Et ensuite, avec un peu de chance, Microïds aura lâché un patch qui corrigera le torrent de défauts techniques qui esquinte une expérience de jeu déjà décevante. Mais c'est évident, Syberia 3 n'est pas fini ; c'est bien dommage.