Sniper Elite, c'est une histoire qui débute en 2005 sur PC, Xbox et PlayStation 2. À cette époque, la technologie ne permet pas des folies, mais Rebellion dédie tout de même tout un jeu linéaire aux tireurs d'élite. Puis il remet le couvert en 2012, avec une suite baptisée Sniper Elite V2. Dans les deux cas, la sauce ne prend pas.
Il faut attendre 2014 et Sniper Elite III pour entrevoir quelque chose de plus ambitieux, de plus ouvert et donc, plus à même de proposer aux joueurs, un vrai gameplay axé sur ces tireurs d'élite. La sauce prend... mais pas à plein tarif, vu les déboires de l'intelligence artificielle et sa plastique qui ne fascine personne.
Nous voici en 2017, Rebellion retente sa chance... et comme on dit chez nous : « jamais deux sans trois, mais t'as bien fait d'insister ». Si, si, on le dit... en tout cas à partir d'aujourd'hui.
Sortez, IA rien à voir !
Mais commençons par ce qui fâche ! Car douze ans après, Rebellion n'a toujours pas trouvé la touche qui injecte de l'IA au clan adverse. Résultat, l'ennemi vous entend marcher à l'étage d'une maison, derrière un mur, un immeuble, et entend un gravier jeté nonchalamment sur une surface même si trois tanks roulent à côté et font bien plus de bruit.
Pour quelle raison ? Car l'IA est programmée pour réagir si vous marchez un peu plus vite, ou si vous jetez un caillou, mais ne tient pas compte de l'espace, du décor, du son ambiant. Vous voyez donc un mur, mais l'IA elle, voit un espace plat et sans la moindre insonorisation.
Et si vous tuez dix individus au même endroit et silencieusement, alors l'IA passera à côté tranquillement. Elle s'étonnera dans un premier temps « tiens, comme c'est curieux ! », puis reprendra sa course normalement.
Alors on peut laisser le bénéfice du doute à Rebellion. Peut-être bien que le studio a fait des recherches historiques pour coller à l'intelligence du nazi sur les côtes italiennes en 1943... mais cela semble peu probable.
Maintenant, on discute
Passé ce défaut propre à la série, Sniper Elite 4 a des arguments, et cela commence par sa technique : le jeu est beau !
Pas au point de mettre à mal sa carte graphique onéreuse sur PC, sa PS4 modèle Pro ou sa Xbox One S, mais c'est déjà bien plus agréable que par le passé.
Le décor varie beaucoup d'une mission à l'autre, les côtes italiennes ne lésinent pas sur la jolie colorimétrie, et les huit cartes offrent une belle liberté d'action et d'approche. Mention spéciale à la mission de fin et son ambiance James Bond 007 qui lui va à ravir.
Sur chaque mission, différents objectifs principaux et secondaires s'affichent. Vous êtes libre de les attaquer dans n'importe quel ordre, et de banquer ensuite les points d'expérience pour faire évoluer ce bon vieux Karl Fairburne, héros de la série depuis 2005.
Tous les cinq niveaux sur un maximum de trente, l'homme améliore une tactique de son arbre de talents (à choisir parmi deux), et peut acheter un meilleur arsenal et l'améliorer en réussissant certains pré-requis avec. Notez que vous ne dépasserez pas le niveau 26 en finissant le jeu qu'une seule fois.
Pistol Elite ?
En dépit de son titre, nous avons passé 85% du temps au pistolet silencieux.
Le fusil servait surtout dans certains cas de figure (tuer deux individus simultanément, éclater un bidon explosif... sur les huit millions du jeu, etc), ou profiter de l'exécution sous forme de kill cam au rayon X pour le côté spectaculaire (et un peu lourdingue à force). Cette année, le jeu introduit d'ailleurs la kill cam au corps à corps.
Mais il s'agit plutôt d'une bonne nouvelle pour tous ceux qui souhaitent tenter le mode Hardcore qui désactive toutes les aides de jeu (du marquage à la jumelle, à l'angle de tir dans la lunette). Vous pouvez ainsi envisager la Campagne entière au pistolet !
La philosophie du sniper
Sniper Elite 4 est un miracle dans la généalogie maladroite de cette série débutée en 2005, et nous avons apprécié ces onze heures de fusillades intensives.
Mais tout cela manque cruellement de finition et ne mérite sans doute pas l'achat plein pot (la malédiction Sniper Elite continue).
Et même si l'on note la présence d'une coopération, d'un mode survie et d'un multijoueur assez complet, tout cela dépend de la popularité du jeu et de la stabilité des serveurs. Deux points essentiels que nous ne pouvons vérifier à cette heure.
Alors soyez patients et attendez deux mois ! Vous pourrez ainsi vérifier l'état du réseau, la fréquentation, et préférer le concurrent Sniper Ghost Warrior 3 si les retours sont négatifs. Et ce, même si ce dernier a encore beaucoup de boulot (mais plus de potentiel) pour convaincre.
Car encore une fois, Sniper Elite 4 est sans doute le meilleur épisode de la série, mais ça n'en fait pas pour autant un grand jeu.