Qu'on se le dise, Mafia a toujours été une série perfectible. Le deuxième notamment, manquait d'ambition avec son décor ouvert sans grande interaction. Le joueur cherchait ses nombreux magazines Playboy planqués dans le décor, faisait une halte chez lui pour changer de fringues, mais on était loin du bac à sable imposé par Rockstar. Alors quand 2K Games annonce Mafia III dans une Amérique à la fin des années soixante polluée par le Vietnam et le racisme, le monde se prend à rêver d'un Grand Theft Auto plus mature, moins second degré. Un rêve qui prendra malheureusement fin le 7 octobre 2016, à la date du lancement officiel.
Il était une fois... à l'Ouest
Le premier choc est tout d'abord visuel. Car Mafia III a le look d'une production coincée entre la génération PS2 et PS3 avec son clipping omniprésent (les éléments du décor s'affichent à quelques mètres de vous), ses textures surannées et ses effets de lumière bipolaires pour tenter de reproduire le cycle jour/nuit avec les moyens du bord. Il y a de quoi faire passer No Man's Sky pour la huitième merveille du monde. Sur PC, le résultat est encore pire avec un framerate qui tente d'atteindre les 60fps depuis le dernier patch, mais qui lutte toujours pour dépasser les 40 même en réduisant toutes les options au minimum. Il est encore incompatible avec Steam Link et le Steam Controller, enchaîne les décalages en 21/9 et crash selon l'humeur... Dieu bénisse l'inventeur de la sauvegarde automatique. Alors sachez-le, vous ne jouerez pas à Mafia III pour sa technique et vous attendrez deux semaines de patch pour le tenter sur PC.
Terrain en jachère
L'autre souci concerne les objectifs qui se résument à tuer une cible, détruire du matériel, ou conduire n'importe comment pour effrayer le passager. Mafia III, c'est un boulevard vide d'idées qui mise sur le minimum syndical à une heure où le monde joue encore à GTA V. Vous avez donc une ville ouverte mais il n'y a rien à faire, pas même de shopping pour virer cette veste militaire sentant le renfermé. Un peu d'ambition en 2016 ne ferait pas de mal... peut-être viendra-t-elle en DLC ?
Circulez, I.A. rien à voir
Dans Mafia III, le joueur accepte de fermer les yeux sur la technique et la richesse du décor, mais espère miser sur l'action. Il jubile même à l'idée d'infiltrer un décor pour sauter dans le dos de l'ennemi et l'achever d'un bon coup de couteau (non, le jeu vidéo ne rend pas violent, il défoule). Là encore il va déchanter, la faute à une absence totale d'intelligence artificielle. Vous pouvez donc rester dos au mur, siffler les gardes un par un, et les étaler dans un coin. Le jeu ne pose aucune difficulté majeure, pas même contre un boss.
Tout sur l'ambiance
« Dois-je dépenser 50 € ou les garder vu l'étalage de sorties prévu jusqu'à la fin de l'année ? ». Vous connaissez à présent la réponse. Pour le côté positif, sachez que Mafia III a une ambiance du tonnerre, un doublage anglais (et français) de qualité, et une bande son fantastique faisant appel aux stars de l'époque, des Animals aux Stones en passant par Elvis et Hendrix. Quant à New Bordeaux, la ville, sa laideur est contrebalancée par son originalité, très éloignée des habituelles côtes californiennes.
Le premier jeu du studio Hangar 13 se joue donc plus pour son ambiance très réussie, que son intelligence et son originalité. Et à 30 €, il y a moyen de s'amuser et de profiter des idées amusantes (dont l'appel aux associés pour débloquer différents bonus, du dépôt de voiture aux renforts musclés). Et puis d'ici là, les développeurs auront probablement sorti quelques patchs pour masquer la misère... mais le podium des jeux de l'année lui est désormais inaccessible.