Pour la licence Homefront, c'est un peu le parcours du combattant... ou la traversée du désert. On se souvient avec émotion du premier jeu présenté à l'E3 2009 par le biais d'un trailer d'intention (ce que les développeurs souhaitent obtenir comme résultat final, même si généralement ce n'est pas le cas). Un FPS d'une beauté à tomber à la renverse, capable de défier la technique folle de Battlefield 3 présenté la même année. Et dont l'originalité tenait dans son action «aimantée», c'est à dire que tous les éléments dynamiques du jeu se dirigeaient vers le joueur et le forçaient à réagir vite (éviter un crash de jeep ou d'hélicoptère). On connaît aussi le jeu terriblement moyen sorti le 15 mars 2011 et qui n'avait ni les graphismes pour lui, ni la fameuse action aimantée, retirée au dernier moment. Puis certains ont suivi le développement de sa suite, The Revolution, passée d'une main à l'autre, de celles des créateurs de Crysis à celles de Deep Silver Dambuster Studios, que l'on connaît tous pour... rien en fait car il s'agit de leur premier jeu. Aujourd'hui nous tenons la version définitive, et malgré une intention réelle d'aboutir sur quelque chose de jouable, on ne peut que constater l'étendue des dégâts.
Né sous X
Alors oui, c'est toujours compliqué d'être ballotté d'une famille à l'autre et The Revolution le paye graphiquement. Car sans être le FPS le plus vilain de l'histoire du jeu vidéo, Homefront souffre d'un moteur d'une autre ère, le Cry Engine. Et pas la version 3 qui permet à Crysis 3 de briller encore aujourd'hui en dépit de son âge avancé, mais du tout premier moteur, celui du premier Crysis. Et cela se ressent à l'écran, avec des textures qui n'impressionnent personne et des visages peu expressifs.
Le joueur appréciera sans doute plus la taille de son environnement qui s'ouvre après le prologue, mais l'ensemble manque de détails, de folie. Il faut dire que nos yeux se sont habitués à l'excellence avec Uncharted 4, Far Cry Primal ou GTA V, et Homefront : The Revolution rappelle plutôt une remasterisation d'un vieux jeu PlayStation 3.
Un cahier familier
Plus on avance dans le jeu et plus la source d'inspiration principale s'affiche au grand jour. Au début, on misait sur Dead Island avec cette rigidité dans le déplacement et ce hub pour discuter avec des PNJ qui nous livrent quelques quêtes aller-retour sans intérêt. Il y a aussi de l'emprunt à Crysis avec cette arme que l'on module à l'envie par le biais d'un sous-menu. Le joueur regarde son arme et change de lunette ou ajoute un silencieux, c'est du Crytek tout craché.
Mais une fois le décor ouvert et les objectifs montrés, on comprend que Deep Silver a joué à Far Cry et a souhaité reproduire le même schéma. De cette seringue que l'on s'enfonce dans le bras pour reprendre de la vie à toutes ces arènes en ville que l'on vide de ses ennemis pour installer ses propres quartiers. En fait, Homefront : The Revolution, c'est Far Cry 4 en vilain et moins dynamique.
Ni bon, ni catastrophique
Après, la technique ne fait pas tout et le feeling général n'est pas désagréable. Les phases de shoot ne manquent pas de mordant et on apprécie l'idée de libérer des prisonniers ou améliorer sa réputation dans chaque quartier de la ville, pour ensuite engager des PNJ qui nous épauleront au combat. Le cycle jour / nuit permet d'adapter son action et de tenter une infiltration le soir en évitant le regard indiscret des nombreux drones. Et on laissera la moto bien trop bruyante au garage.
The Revolution propose aussi un système de craft, il faut donc sans cesse fouiller le décor pour ramasser de quoi fabriquer un cocktail molotov ou des voitures téléguidées (comme dans Rage !). Alors oui, Deep Silver propose une expérience très classique dans un paysage très inégal (on s'étonne même par moment devant certains panoramas superbes), mais a sauvé bien des meubles quand on connaît son développement chaotique. Ce n'est pas une excuse, mais vous savez à présent que Homefront : The Revolution n'est pas la catastrophe entrevue. Juste un FPS de plus sans folie, mais dont le contenu généreux vous en donnera pour votre argent. Si vous attendez une chute de prix aux alentours des 30 € car soyons réalistes, il n'en vaut pas plus.