Le dernier Hitman est un parcours du combattant sur lequel un studio s'est brisé les jambes plusieurs fois en essayant de rassurer ses premiers fans, les journalistes sceptiques, les curieux aussi.
Un jour annoncé, le lendemain repoussé, un coup complet, un coup scindé en six chapitres avant une bêta maladroite... tous les ingrédients étaient là pour créer le manuel de « Tout ce qu'il ne faut pas faire », à distribuer dans toutes les écoles de programmation.
Mais le 31 janvier 2017, Hitman sort en version complète et éblouit le joueur par son intelligence, son perfectionnisme et sa générosité. IO Interactive a failli se brûler les ailes, mais sert finalement d'exemple dans ces mêmes écoles de programmation : « Ne lâchez rien ! ».
De chauve qui peut à chauve sourit
47, notre agent star « since 2000 », n'a pas convaincu grand monde avec son infiltration bancale dans Hitman Absolution. Le studio a donc choisi de retourner à la base, celle qui a mis tout le monde d'accord dans Hitman 2 et Blood Money, en créant sept terrains de jeux ouverts pour laisser place à votre imagination la plus folle.
De Paris à Hokkaido en passant par Sapienza et Bangkok, vous allez devoir user de votre matière grise pour réussir tous vos contrats. Et si un tir de silencieux est efficace, le meurtre vidéoludique est un art qui récompense surtout les plus inventifs d'entre vous.
Vous devrez donc observer parfaitement votre décor, calculer votre approche, et tuer avec la manière pour maximiser les points à la sortie.
Du tireur d'élite à shooter du dimanche
Si Hitman ne déroge pas à sa règle initiale, celle d'être un jeu 100% discret et non un hybride action / infiltration à l'image du fabuleux Dishonored 2, il sait s'adapter à toutes les cibles.
Éliminer son contrat n'est donc pas compliqué. Vous trouverez toujours un angle de tir, un guide pour vous proposer différentes approches (vous pouvez les désactiver), et votre sens de tueur permet de repérer l'ennemi à travers les murs et le lieu de votre cible (aussi en options), idéal pour éviter les ennuis.
Mais pour comprendre Hitman ou saisir son génie, vous devrez relancer un contrat et tenter différentes approches plus subtiles. Comme empoisonner votre cible devant des invités horrifiés, en glissant de la mort-au-rat dans un cocktail préparé par vos soins après avoir enfilé un costume de barman. Ou rencontrer un producteur véreux après l'avoir impressionné avec un solo de batterie lors d'une audition.
IO Interactive ne refuse aucune excentricité.
Le crime était presque parfait
Hitman est un bijou mais conserve les défauts de ses pères. N'attendez donc aucun scénario sur toute cette première saison. En un prologue et six épisodes, il faut se contenter d'une histoire adaptable en un demi tweet : 47 a un secret, rendez-vous à la saison 2 pour en découvrir davantage #suspensetotal.
Un tel jeu n'évite pas les petits soucis d'intelligence artificielle, on évitera donc de la tester au risque d'être un peu déçu. Par exemple, passer derrière un bar durant une soirée VIP où vous avez été cordialement invité éveille les soupçons, ce qui est logique... mais peut-être pas au point de faire fuir le barman en hurlant. Ou alors, on ne va pas aux mêmes soirées.
Parmi les nombreuses opportunités de meurtre, vous aurez souvent des options qui reviennent, comme le poison dans un verre, ou la célébrité du coin qui ressemble miraculeusement à l'agent 47 et permet d'usurper son identité pour infiltrer la zone. Mais cela permet surtout de rendre plus accessible certaines missions, pour ceux qui souhaitent remplir un contrat sans trop se casser la tête.
Mea culpa
Alors on le dit, on le répète, on le souligne, Hitman est aujourd'hui un jeu fantastique qui n'a aucun lien de parenté avec la bêta inutile ou le pack d'introduction sorti en mars 2016, bien trop timide pour convaincre la masse. C'est un jeu accessible et très complexe (selon l'approche du joueur pour tuer sa cible), surtout très généreux.
Alors n'hésitez pas à craquer sur cette version complète, en dépit de nos premières craintes, car Hitman est bien une nouvelle star de l'année 2017 !