Bienvenue en 1993 ! Ou plutôt, une vision de 1993 dans un jeu d'action de 2016. Bienvenue dans le monde merveilleux de Doom ! Un monde fantastique où les nazis et les coréens du nord n'ont pas le rôle principal, ni secondaire. Un univers où la violence de Call of Duty passe pour un tour gratuit de l'attraction Small World, et où les rares lignes de scénario donnent des airs de Half-Life au dernier Wolfenstein. Doom est de retour et a décidé de prendre le cahier des charges des dix dernières années de FPS et de tirer un bon coup de fusil à pompe dedans. On vous prévient, c'est un jeu sans concession, à la fois génial et défoulant... mais qui peut nuire à la santé des plus jeunes.
C'est Doom !
Lorsque l'on a été élevé à Battlefield ou à Call of Duty et que le FPS se résume à un joli headshot bien placé avec un sniper en mode «no scope», alors jouer à Doom peut sembler étrange, curieux, voire déroutant. C'est une expérience brut de décoffrage qui ne cherche pas à vous créer un contexte très travaillé, ni à vous poser des ennemis bien sagement derrière une couverture pour vous laisser le temps de respirer, armer, viser la tête, et passer à l'arène suivante.
Ce n'est pas non plus un FPS qui vous laisse faire le show au milieu de la salle avant de vous offrir quelques secondes de répit dans un coin, le temps que votre barre de vie se requinque. « Non mon gars ! Ici, tu fais le mariole, tu assumes ! ». La vie ne remonte pas toute seule, il faut être à l'affût du moindre kit de soin qui remontera votre jauge de quelques dixièmes. C'est qu'ils sont radins chez id Software ! Et puis il faut prier aussi pour qu'une armée d'imps, le bestiaire légendaire de la série, n'apparaisse pas dans votre dos. Car l'action ici, est ultra mobile ! Vous passez votre temps à éviter les coups, à en distribuer aussi, et à esquiver les tirs ennemis comme dans un shoot them up. Vous connaissiez le FPS moderne ? Découvrez le modèle vieille école !
Mais une école réaliste
Car le studio texan n'est pas fou, il ne s'agit pas de recréer Doom comme son modèle des années 90, ni la vision survival-horror de 2004. Notre héros peut sauter, viser chaque angle du décor, profiter de nombreuses améliorations pour booster son armure ou ajouter des gadgets à ses nombreuses armes. Mais cette année, il ne se promène pas avec une lampe de poche hors-sujet pour se repérer dans les coins sombres, il court le fusil à l'avant et détruit tout, du simple démon à l'indispensable Spider Mastermind.
Avec une dynamique qui frôle parfois la folie d'un STR, lorsque votre avatar se fait attaquer par une armada d'ennemis et doit réfléchir vite et agir encore plus vite. id Software a ajouté une petite touche gore en plus, un «finish him» indiqué par une aura bleue autour de l'ennemi qui permet de l'achever d'un coup bien gras au corps à corps. Entre un « je t'arrache la tête avec mon poing » et un « je t'arrache le bras puis je te fracasse le crâne avec », la subtilité est ailleurs.
Les pieds sur Terre
On a beau avoir le cerveau sur Mars, nous ne sommes pas aveugles pour autant et certaines choses peuvent fâcher le consommateur exigeant. De ce multi qui patauge dans un espace-temps indécis (un cousin de Quake sans la rapidité) et qui vous occupera deux heures avant le retour à des bases solides (Rainbow Six Siege, Overwatch). À ce solo qui traîne parfois en longueur avec ses objectifs redondants « va détruire X et repousse la vague d'ennemis Y ». Aux effroyables chargements de notre version PS4 qui donnait presque envie de lancer un Call of Duty pour finir la campagne entre deux morts.
On pourrait évoquer le Snapmap qui vous permet d'éditer vos propres niveaux, mais cela n'intéressera que les trois consommateurs du fond. Les autres auront tellement le cerveau esquinté par l'architecture du jeu et le manque de GPS, qu'ils préféreront décliner l'invitation. Alors oui, il y a des défauts mais...
L'achat du coeur
Doom, c'est avant tout un FPS épileptique et old school qui ravive la flamme des anciens joueurs et démontre par A + BFG les bienfaits d'un bon coup de fusil à pompe dans la tronche. Et ce, sans une ligne de scénario pour expliquer / pardonner toute cette violence. C'est brutal, sans concession, vieux, sale, drôle, bref... c'est Doom et ça s'achète ! On conseillera toutefois à la jeune génération curieuse d'attendre une baisse de prix car l'expérience est redondante et peut se révéler détestable sans le recul nécessaire.