Qui ne connaît pas “Pokémon”, véritable phénomène de pop culture depuis sa sortie en 1998 au Japon, sur GameBoy ? La série fête ses 20 ans en 2018 et nous offre pour l’occasion un jeu baptisé Pokémon Let’s Go, décliné en 2 versions : Pikachu et Evoli, du nom du premier Pokémon qui nous est offert dans le jeu d’emblée (qui aura un lien privilégié avec nous). Il s’agit d’un opus révolutionnaire sur certains points mais qui emprunte tout de même une bonne partie de son contenu à Pokémon Jaune, opus dérivé des tout premiers épisodes de la série, Pokémon Bleu et Rouge, sortis en 1999 en Europe.
On se retrouve donc à Kanto et on croise avec plaisir les champions d’arène mémorables, tels que Pierre et Ondine, mais aussi les vilains de la team Rocket (qui nous rappellent également les dessins animés) et bien sûr de belles versions en 3D des 151 premiers Pokémon, accompagnés de leurs formes d’Alola. La nostalgie bat son plein pour les joueurs qui ont connu le jeu de base et les nouveaux venus ont droit à un titre mignon tout plein très simple d’accès.
Un gameplay hybride, entre les versions consoles et mobiles
Premier Pokémon sur Switch, en attendant un titre très attendu par la communauté à partir de l’an prochain, Pokémon Let’s Go nous propose un gameplay hybride. Un mix entre celui du titre d’origine, avec un système de jeu épuré et bien moins riche que dans les derniers opus Ultra Soleil / Lune, et des nouveautés inspirées des jeux plus récents (déplacement sur le dos d’un Pokémon par exemple) ainsi que de… Pokémon Go. Oui, vous avez bien lu, Pokémon Let’s Go Pikachu et Pokémon Let’s Go Evoli possèdent un lien certain avec le jeu mobile Pokémon Go de Niantic.

Cela s’illustre à 2 niveaux :
1°) Les deux jeux peuvent être connectés : on pourra, à partir d’un certain point dans le jeu, transférer ses Pokémon de Pokémon Go vers Let’s Go (nombre limité et capture nécessaire par la suite dans le Go Park). Attention toutefois : le transfert est définitif (chaque Pokémon transféré disparaît de Pokémon Go et ne pourra y retourner) et un poil capricieux. D’ailleurs, s’il y a un souci de connexion au moment du transfert, vous pourriez bien ne plus avoir accès du tout à votre monstre bien-aimé ; on vous conseille de désactiver tous les appareils en Bluetooth autres que votre smartphone et votre Switch et de désactiver la veille auto de votre téléphone.
2°) Le système de capture identique, très différent de celui de tous les précédents jeux Pokémon. Un choix qui choquera les plus gros fans de la saga. En effet, comme dans Pokémon Go, elle se résume simplement à lancer une Pokéball au bon moment (en fonction d’un timing assez permissif, on a plus ou moins de chance de capturer le Pokémon), sans avoir à l’affaiblir au combat avant.
Cela donne parfois des situations un peu surprenantes comme au moment où l’on réveille Ronflex ou quand on rencontre un Pokémon légendaire : on doit le combattre jusqu’à le mettre K.O. puis on enchaîne avec une phase de capture. Alors que la démarche était quasiment inverse dans tous les jeux précédents (faire perdre assez de points de vie à l’adversaire pour maximiser ses chances de capture tout en évitant de le mettre K.O). Cela a aussi un impact sur la progression, plus aisée (sans doute un peu trop pour certains) et fluide, car le gain d’expérience des Pokémon est globalement plus rapide.
En parallèle des combats, les phases de capture offrent de l’XP, et capturer plusieurs fois le même Pokémon à la suite fait accroître la jauge de “Combo Capture”. Cette dernière augmente les chances d’attraper un Pokémon avec de bonnes statistiques et même des Pokémon très rares, dits “Shiny”). Et comme tous les Pokémon de l’équipe gagnent de l’expérience même sans combattre, on avance finalement assez vite et sans grande difficulté dans l’histoire.
Quelques manques et éléments surprenants
Choquant aussi, le côté “couteau suisse” de Pikachu ou Evoli (selon la version que vous choisirez), en effet, c’est désormais notre “starter” qui détient les capacités "Tranchage" pour franchir des buissons bloquant notre passage, l’"Envol" pour voyager directement dans une autre ville, ou encore "Navigation" pour se déplacer sur l’eau (d’autant plus surprenant quand on a Pikachu). Étonnant également de voir son Pokémon de base (“starter” pour les intimes) avoir à disposition des attaques qui sortent clairement de son type : on pense notamment à Pikachu capable de réaliser une attaque d’eau alors que c’est justement le type de Pokémon qu’il craint le plus.
Mais le titre est si joliment réalisé et agréable au global que l’on s’y fait. On éprouve d’ailleurs un certain plaisir à habiller notre Pikachu / Evoli (comme notre héros) avec différents vêtements que l’on débloque au fur et à mesure, et les plus jeunes s’amuseront à câliner et coiffer leur starter adoré. Comme à l’accoutumée sur consoles portables, chaque déclinaison de Pokémon Let’s Go détient quelques Pokémon exclusifs ; sachant que l’on pourra tout de même faire des échanges entre deux consoles Switch (en local ou en ligne) ou des transferts avec notre compte Pokémon Go pour les attraper tous.
Par contre, ne comptez pas sur la présence d’autres modes de jeux multijoueurs, comme la Global Trade Station (GTS) ou d’autres minijeux connexes, ni même à utiliser le sacro-saint vélo ou la canne à pêche, ils n’y sont pas. Cela donne un contenu un peu plus chiche qu’espéré, mais raccord avec l’idée d’une adaptation d’un des tout premiers jeux Pokémon.
Vidéo : Pokémon Let's Go Pikachu : notre vidéo de gameplay
Quelques nouveautés bien senties
Dans les nouveautés très appréciables de ce Pokémon Let’s Go, on note également le fait de pouvoir voir les Pokémon qui peuplent chaque zone ; alors que nous avions des combats aléatoires jusqu’à présent. On peut donc choisir d’éviter ou non les Pokémon qui nous entourent, notamment dans l’optique de faire monter notre Combo de Capture, ou tout simplement pour tenter de capturer des Pokémon grands ou petits (différenciés visuellement). Une petite révolution dans l’ère du temps, acceptée par la plupart des grosses séries de RPG (Final Fantasy et Dragon Quest entre autres).
Autre nouveauté qui fluidifie/simplifie l’avancée : on peut ajouter ou enlever des Pokémon stockés vers notre équipe (toujours composée de 6 Pokémon au maximum) à tout moment, hors d’un combat, sans avoir à passer par un PC. Une excellente chose de notre point de vue, qui évite des allers-retours réguliers.
Une réalisation ravissante et un mode 2 joueurs bien cool
Qui plus est, sans être la killer app de la Switch, le jeu est très agréable à l’œil mais aussi aux oreilles. Et ce, que ce soit sur la TV ou en mode nomade. Le jeu est plus ravissant lorsque l’on prend la Switch comme une console portable, mais la capture est un peu moins intéressante / confortable que si l’on joue sur la TV. Pour autant, on peut tout à fait jouer à Pokémon Let’s Go avec les Joy-Con attachés de chaque côté de la console et on peut déplacer la console pour viser les Pokémon qui sortent un peu de notre champ de vision, lors de la phase de capture. Le titre reste donc parfaitement jouable dans tous les cas.
Précisons également que, pour la première fois de la série, on peut désormais jouer à 2 simultanément dans l’aventure. Le second personnage n’a certes pas autant de possibilités (il se déplace sur la carte sans pouvoir interagir, ne peut pas accéder à l’inventaire ou à l’équipe de Pokémon hors phases de combat ou capture), mais il peut tout à fait combattre et capturer au même titre que le joueur principal. Idéal quand on veut jouer avec sa moitié ou ses enfants.

Pokéball Plus : intérêt de l’accessoire et fonctionnalités
Vous l’aurez compris : le jeu parvient à compenser ses quelques limites et incohérences avec un ensemble solide, un enrobage qualitatif et des petites innovations bien senties. De quoi apprécier le jeu pour ce qu’il est : un épisode spin-off, plutôt agréable, qui a le mérite de nous faire patienter avant la sortie du prochain "vrai" Pokémon Switch. Ajoutons à cela que la capture de Pokémon a plus de sens et s’avère plus savoureuse si l’on joue avec l’accessoire Pokéball Plus, vendu séparément (assez cher : environ 50 euros). Il s’agit d’une Pokéball, bien réalisée et assez agréable au toucher, qui contient un bouton sur le dessus et un stick central, cliquable.
Pour capturer un Pokémon, il suffit de faire un mouvement qui imite le lancer de Pokéball (une dragonne et une sorte de bague nous aide heureusement à garder la Pokéball en main). Malgré quelques ratés et s’il nous paraît tout à fait facultatif (car moins pratique que les Joy-Con hors des phases de capture), cet ustensile fait le job et nous immerge encore plus dans le jeu… en plus de l’aspect collection sympa et de son utilité dans Pokémon Go. Comme le Pokémon Go Plus, mais en moins pratique, la Pokéball Plus permet d’étendre la zone de capture, active automatiquement les Pokéstops à proximité et permet de capturer des Pokémon sans avoir à sortir son smartphone.
VERDICT
Au final, passée la petite déception de son gameplay simplifié et de ses quelques petites incohérences, Pokémon Let’s Go est un jeu plaisant sur la durée. Soit il fera découvrir les bases de la série aux plus jeunes ou à ceux qui n’ont connu que Pokémon Go, soit il rappellera de touchants souvenirs à ceux qui ont connu les premiers volets. Le tout, dans une version remaniée, plus accessible, directe et assistée de Pokémon Jaune. Un bon jeu de plus à ajouter au catalogue de la Switch et un cadeau de Noël quasi parfait pour de nombreux joueurs… en attendant Super Smash Bros. Ultimate (le 7 décembre) et le prochain RPG Pokémon prévu pour fin 2019 !