Dans la folle histoire du jeu vidéo, il y a les titres que l'on apprécie (un bon Batman Arkham), ceux que l'on déteste à vie (Haze, c'est de toi qu'on parle), et ceux qui changent complètement notre vision et notre attente d'un grand jeu. Half-Life, Final Fantasy, Resident Evil ou Fallout ont contribué à relever notre exigence d'un cran, et c'est aussi le cas du premier BioShock et de BioShock Infinite réalisés par le studio Irrational Games et imaginés par le farfelu mais ô combien génial Ken Levine. Les choses se gâtent en 2014 puisque le studio ferme ses portes, annihilant tout espoir d'un BioShock 4 brillant, mais pour ces deux jeux – ainsi que System Shock 2 – Irrational Games restera gravé à jamais dans nos mémoires. Voyez donc déjà cette Collection comme un recueil de bon goût, un testament indispensable à rajouter dans votre bibliothèque.
Le Bon
Sorti en 2007 sur Xbox 360 et PC, BioShock se présentait comme un FPS ingénieux, mêlant tir et magie dans un décor étonnant, les vestiges d'une ville sous-marine appelée Rapture. Très vite, le jeu scinda les joueurs en deux clans, ceux qui ne juraient que par une narration bien ficelée et qui furent happés dès le crash d'avion, bloquant dans les flammes à se demander s'il s'agissait encore d'une cinématique ou d'une phase de jeu. Et ceux qui s'attendaient à un FPS classique et pestaient devant l'imprécision des armes. Les fous.
Bien heureusement, les deux clans se rejoindront quelques heures plus tard, charmés par la voix d'Atlas, le mystère Andrew « Je vous prie » Ryan, et le plaisir de combiner plusieurs sorts, les Plasmides. Au générique de fin, tous s'accorderont à dire que BioShock n'était pas un bon jeu mais bien un chef d’œuvre... qui aurait éventuellement mérité un meilleur combat de fin.
Le Truand
BioShock 2 est un cas d'école. À cette époque (2009-2010), Irrational Games ne souhaitait pas suivre les demandes de son éditeur 2K qui commandait un second chapitre express avec l'ajout d'un multijoueur, très en vogue sur cette génération. L'équipe de Ken Levine voulait plus de temps pour créer une vraie suite et non un ersatz précipité, 2K a donc décidé de confier le jeu à plusieurs de ses studios annexes et le résultat ne surprendra malheureusement personne.
Un décor identique, un gameplay copié-collé, le joueur avait l'impression de rejouer au premier mais sans ce grain de folie ou d'originalité, et avec un multijoueur horriblement optimisé en prime. Alors le jeu n'est pas mauvais, loin de là, mais n'a ni l'intelligence, ni la prestance des deux autres.
La Brute
La saga BioShock se termine en 2013 avec le retour de Irrational Games et une volonté de quitter ce décor sous-marin pour parcourir les cieux et la ville aérienne de Columbia. Le jeu conserve le mélange tir / magie (appelée désormais Tonique et non Plasmide), mais accélère son déplacement grâce à l'utilisation de l'Aérotram, des rails suspendus au-dessus du vide que l'on emprunte à l'aide d'un Sky-Hook. De quoi briser avec le sentiment de claustrophobie si cher aux deux premiers jeux.
Depuis 2007, le studio a fait aussi d'immenses progrès. Tout bouge beaucoup mieux, la visée est précise, l'action est bien plus nerveuse et agressive. Enfin, le jeu introduit un binôme fantastique, Elizabeth, qui peut ouvrir des failles dans le décor et improviser de nombreuses aides au combat. En somme, Infinite est un bien meilleur jeu vidéo... il est aussi d'une beauté à tomber. On peut lui reprocher cette volonté d'embrouiller son audience avec un scénario au demeurant très simple, mais raconté de manière trop rocambolesque. Mais au final, on retiendra là encore le chef d’œuvre et le requiem d'un studio de génie.
Trois en un
Alors que faut-il retenir de ces Remastered ? Sur PC, pas grand chose en fait puisque les deux premiers nécessitent encore quelques patchs pour ajouter de vraies options graphiques, une compatibilité 21/9, gommer les nouveaux bugs, les crashs, et BioShock Infinite n'a pas changé d'un pixel. Oui, le résultat est assez scandaleux. Sur PS4 et One en revanche, le constat est très différent puisque le joueur appréciera la finesse globale et les nouveaux éclairages absents des versions PS3 et 360.
Pour finir, on félicitera 2K qui a rayé définitivement le multijoueur du 2 mais pas son extension Minerva's Den, ajouté les trois DLC de Infinite, et validé le tarif préférentiel de 50 € (moins de 43 € sur Amazon). Et à ce prix là, ajouter BioShock : The Collection à votre bibliothèque n'est plus une option mais une nécessité.