En mai 2016, les deux enfants terribles du FPS ont présenté leur première bande-annonce. Infinite Warfare pour l'un, Battlefield 1 pour l'autre. La guerre se poursuivit ensuite sur les réseaux sociaux mais entre les joueurs, avec une majorité limite écrasante pour Battlefield. Et on peut les comprendre car la bande-annonce était plus étonnante, plus rythmée. Mais comme dirait le philosophe Bolo Yeung, « un trailer ne rend pas les coups », et c'est une fois les jeux en main que l'on peut les départager. Aujourd'hui, c'est au tour de Battlefield 1 et une chose est sûre, la folie de cette première vidéo est bien loin.
Très court... métrage
Si nous sommes habitués à jouer un solo de FPS en dix heures avec un ou deux héros à diriger sur plusieurs niveaux, DICE a choisi cette année de surprendre. Battlefield 1 se découpe donc en un tutoriel, cinq événements à cinq endroits différents du globe avec cinq héros différents, et un épilogue furtif. L'idée peut sembler bonne mais il aurait fallu la développer sur la durée. Or, le solo se boucle en moins de cinq heures, vous n'avez donc jamais le temps de vous attacher ou apprécier le casting.
Et DICE aurait sans doute gagné à alléger la mise en scène pour éviter de tomber dans le piège du patriotisme de supermarché juste apte à faire passer Modern Warfare pour du Stanley Kubrick. Comme cette séquence où le studio va tenter de créer un lien entre un vieil héros de guerre et son plus grand fan, un jeune bleu qui manie à peine le fusil. Sauf qu'en quarante minutes, le studio n'a pas le temps de développer l'humain. Le joueur observe donc ce vétéran qui ne voulait pas du gamin dans son groupe le matin mais le considère comme son fils l'après-midi, et comprend qu'en 14-18, la bipolarité était un terrible fléau. En gros, DICE a beau essayer, le joueur ne se sent jamais concerné par les événements du jeu car le tout manque de recul et d'une tartine de subtilités.
Côté jeu
Et les choses ne s'améliorent pas forcément avec une arme à la main. Car nos cinq héros de guerre ont chacun une spécialité. L'un conduit un tank donc le joueur va conduire un tank pendant une heure, l'autre pilote un avion... donc le joueur va piloter un avion pendant trente minutes, et ainsi de suite jusqu'à la fin. Mais à l'arrivée, il ne sait pas s'il a participé au plus long tutoriel de l'histoire ou à un vrai solo. Il y a tout de même des chapitres très réussis, notamment cette infiltration dans un village français de nuit.
Mais ces missions ne font pas oublier la séquence en tank interminable ou cette supercherie de dernier acte durant lequel, DICE va créer trois missions dans un seul décor : celui de la bêta multi, dans le désert. Oui, oui, une carte multi pour créer trois missions solo. D'ailleurs, DICE reprend des éléments du multi comme les objectifs de capture de territoire. Vous arrivez donc avec votre tank, videz la zone et attendez que le drapeau rouge vire au bleu... un tue l'ambiance idéal.
La guerre s'éclaire
Si DICE a réussi l'exploit de faire passer les solos des deux précédents volets pour des bijoux de narration, les félicitations s'imposent pour le multi et la qualité des neuf cartes de départ. L'architecture est moins large que celle de BF4 et renforce la dynamique des rencontres... sans tomber dans l'affrontement de Paintball à la Call of Duty. Mais c'est surtout au niveau des possibilités tactiques, par l'intermédiaire de son level design habilement pensé, et cette qualité visuelle hallucinante que le jeu remporte tous les suffrages.
Les quatre classes surprennent aussi les habitués dans le bon sens avec des rôles plus logiques. Comme l'Assaut qui ne se résume plus à un hybride attaquant / soigneur mais possède un vrai potentiel offensif. On note aussi quelques nouveautés au niveau des modes avec un Pigeon de Guerre (car en contrôler un en solo ne suffisait pas…) très nerveux et limité à vingt-quatre joueurs. Le but est de capturer la bête et la tenir le plus longtemps possible dans un coin bien défendu avant de la relâcher. Si un joueur adverse tue le volatile au moment de l'envol, l'équipe ne remporte pas de points. Et puis il y a ce mode Opérations qui consiste à des affrontements plus épiques sur plusieurs cartes différentes avec un gameplay situé entre la Conquête et la Ruée. Vous attaquez, vous explosez, vous avancez, et parfois avec des renforts utiles pour les plus faibles tel qu'un dirigeable bien armé. Bref, DICE a chiadé son multi pour atteindre la quasi perfection et un plaisir tactique qui nous fait complètement oublier les années passées sur Battlefield 3 et 4.
Le mot de la fin
Si vous aimez ou connaissez Battlefield, la seule conclusion que vous devriez avoir à ce stade est « Poussez-vous, j'ai un jeu à acheter ! ». Car comprenez bien que l'on ne joue pas à BF pour la qualité de sa narration, tout du moins pas depuis Bad Company 2, mais pour la démesure de son multijoueur. Et si nous avons autant insisté sur le solo, c'est pour prévenir tous ceux (même les détracteurs) qui s'attendaient à une histoire grandiose après la bande-annonce. Et ce n'est pas le cas.
En revanche, posez un pied sur l'une des neuf cartes du multi, observez la beauté affolante du décor, noyez-vous dans la masse de joueurs qui envahit l'écran avec le son en mode Archives à fond dans les baffles, et vous comprendrez toute la folie de Battlefield 1. Et avec son système de classes bien plus logique que ses aînés, son architecture sans faille et sa nervosité au combat, on peut évoquer le meilleur multijoueur de Battlefield de ces deux dernières générations. Décidément, avec Gears of War 4, BF1, le prochain COD ou même Overwatch, il va être très compliqué de décider sur quel multijoueur de FPS stagner en 2017.