L'idée d'incarner un ninja dans un jeu d'infiltration ne date pas d'hier. La série des Tenchu, dont on retiendra surtout le premier épisode, et le fantastique Mark of the Ninja sont déjà passés par là. Mais Aragami est encore une proposition différente, on oubliera donc nos anciens acquis et petites habitudes pour s'intéresser à cette toute nouvelle expérience.
Un charme indéniable
La première rencontre est idyllique. Le joueur découvre un personnage charismatique, l'esprit vengeur aragami invoqué pour délivrer l'Impératrice des Ombres (le scénario s'améliore, ne paniquez pas). Et apprend à maîtriser ses techniques de base. Tels que le pas de l'ombre qui lui permet de se téléporter instantanément, en contrepartie il ne sait pas sauter, ou le coup de sabre pour tuer les gêneurs. Ajoutez à cet ensemble, une direction artistique sublime, une ambiance sonore au moins aussi réussie, et vous voilà convaincu qu'il s'agit de la surprise de l'année.
Retour à la réalité
Pour insuffler un peu de challenge, le studio espagnol a décidé d'ajouter des handicaps. Cela commence par des gardes postés partout dans le décor, puis des archers qui vous repèrent de très loin, en passant par des sources de lumière qui explosent ou des boss qui devinent vos déplacements. Le résultat maladroit, c'est que le joueur ne peut plus simplement improviser une route vers son objectif et doit mourir pour repérer l'emplacement des innombrables pièges ou la route parfaite.
Le chapitre XII est d'ailleurs un fabuleux test pour vos nerfs. Aussi, le jeu choisit des checkpoints improbables, empêche l'accès à l'eau (le héros meurt), n'explique jamais pourquoi certains lieux sont inaccessibles alors qu'ils se situent à une distance de téléportation logique. Et il faut souvent insister avec la caméra pour que l'icône de téléportation apparaisse et confirme qu'il est en fait possible de rejoindre ce toit. Bref, Aragami sait être frustrant.
Mais terriblement jouissif
Le simple fait de se téléporter dans le dos de l'adversaire pour l'embrocher avant de faire disparaître le corps dans un nuage de fumée est quelque chose de très jubilatoire. Et la frustration des débuts s'estompe au fil des compétences débloquées (en ramassant tous les parchemins planqués dans le décor). On ressort donc globalement charmé par cette expérience, tout en notant les nombreuses améliorations à apporter pour une éventuelle suite. Notamment cette jauge d'essence des Ombres (qui sert à utiliser vos pouvoirs et se recharge dans l'ombre) représentée par un symbole affiché sur la cape du héros. C'est esthétiquement joli, mais le joueur constate souvent trop tard quand elle est vide. Il y a donc un confort à revoir, et un équilibre à trouver au niveau des ennemis disséminés en surnombre sur la carte. Mais pour un premier essai, Lince Works mérite les honneurs et votre curiosité.