Le joueur est cruel et pratique toujours la tolérance zéro dès qu'il s'agit de sa licence fétiche.
Final Fantasy XII n'est donc pas le plus mauvais, mais à la rigueur le plus décevant de la saga, aujourd'hui rattrapé par Final Fantasy XV. D'ailleurs, le parallèle entre les deux jeux est évident.
Ils étaient attendus comme les chapitres les plus fous, les plus ambitieux, portés chacun par une « dream team » de Square Enix à leur époque respective. Final Fantasy XV par l'équipe de Tetsuya Nomura, à qui l'on doit la série Kingdom Hearts, avec Nozue aux cinématiques, Nojima au scénario, et Shimomura à la musique.
En face, Final Fantasy XII est aussi prestigieux, et débute son développement avec l'équipe de Yasumi Matsuno aux commandes. L'homme fait évidemment appel à Yoshida pour la partie artistique et Sakimoto à la musique. Cette équipe n'en est pas à son premier essai puisqu'on leur doit les chefs-d’œuvre Final Fantasy Tactics et Vagrant Story, tous deux sur PlayStation 1.
Mais ces deux jeux ont aussi connu de nombreux déboires : reports, changement d'équipe, développement chaotique. À l'arrivée, du Graal annoncé sur papier, Final Fantasy XII et XV ne ressemblent plus qu'à des reliques boiteuses dont la place est assurément dans un seul musée, celui des erreurs.
Malgré tout, vous auriez tort de ne pas donner (ou redonner) une chance à Final Fantasy XII le 11 juillet sur PlayStation 4. Car il a bien plus de chances de convaincre en 2017 qu'il n'avait en 2006.
En avance sur son temps
En 2006, le douzième chapitre n'a pas convaincu car le joueur n'était pas préparé à cette expérience si particulière.
Entre son scénario abandonné au second plan (en dépit d'un prologue mémorable), des coffres au contenu aléatoire, un système de combat plus libre mais limite trop libre, des quêtes riches en allers-retours, et un nombre pharaonique de quêtes annexes, on était loin du calibrage Final Fantasy. Cette série aime se réinventer à chaque fois, mais c'était celle de trop.
Au final, on ne savait pas s'il s'agissait d'un vrai FF ou d'un cousin du XI, le MMORPG, mais un modèle hors-ligne. Pourtant, ce cahier apparaît déjà bien plus évident en 2017.
Le joueur est habitué à vaquer de hub en hub à ses occupations, à récupérer cinquante "quêtes Fedex" pour améliorer ses héros, et à ne pas trop se soucier du rythme de l'histoire. Sauf que Final Fantasy XII le fait avec plus de talents, plus d'épique, et une direction artistique complètement folle.
Matsuno n'était plus là à la conclusion, mais on retrouve tout de même l'emballage Final Fantasy Tactics au sein d'un Final Fantasy « classique » (RPG et non Tactical).
Et en 2017, vous allez constater à quel point sa qualité et son exigence n'ont rien à voir avec celles des productions modernes. Final Fantasy XII était décevant à l'époque, mais est largement au-dessus du lot aujourd'hui.
De FFXII à The Zodiac Age
Pour cette adaptation PlayStation 4, Square Enix ne s'est pas contenté du jeu d'origine mais a récupéré la version International PS2 sortie au Japon en 2007.
Cette dernière proposait uniquement les doublages anglais (sur PS4, il sera possible de choisir), un New Game +, la possibilité d'accélérer le jeu en appuyant sur L1, les guests (personnages invités) étaient enfin jouables et gagnaient de l'expérience, et les invocations étaient aussi contrôlables.
Mais la plus grande nouveauté venait du Zodiac Job System. Ce dernier proposait douze nouvelles classes pour nos héros, de l'archer au samouraï en passant par les mages noirs et rouges, le chasseur ou encore le moine.
Et pour les amateurs de challenge, vu que la difficulté globale avait été revue à la baisse, Square Enix avait rajouté un mode Trial qui consistait à participer à cent combats dans une arène (contre des mobs, des boss, des monstres rares, l'ennemi changeait à chaque palier).
En somme, que vous ayez joué ou non à la première version en 2006, The Zodiac Age a beaucoup de nouvelles choses à proposer.
Deuxième chance pour briller
Vous l'aurez donc compris, il faut tirer un trait sur l'expérience PlayStation 2 ainsi que les nombreuses plaintes de l'époque.
Le paysage JRPG a changé, Final Fantasy XII s'y intègre parfaitement. Et avec les nombreux ajouts, c'est probablement le jeu de rôle le plus complet et chronophage de cette génération.
Bien évidemment, il bénéficie d'un relooking complet pour le débarquement PS4. De la haute résolution dans le décor, les personnages et les cinématiques, du 7.1 pour le son, et des temps de chargement réduits. Mais surtout, vous pourrez enfin modifier le sens de la caméra ! C'est du détail pour vous, mais jouer obligatoirement en inversé nécessitait un sacré temps d'adaptation à l'époque.
Tout le confort est donc là pour permettre au RPG maudit de 2006, de briller en 2017.