La naissance compliquée d’une aventurière
Né en 1995 de l’imagination de Toby Gard, Lara Croft a bien failli ne jamais voir le jour. En effet, l’employeur du jeune designer anglais dans le studio de jeux vidéo Core Design ne croyait pas du tout au potentiel d’une héroïne féminine, une rareté dans le monde du gaming à cette époque. Finalement, le projet a été retenu et Toby Gard a donné vie à une aventurière inspirée à la fois de la chanteuse Neneh Cherry, de Belle de La Belle et la Bête, du personnage de BD Tank Girl, et d’Indiana Jones.
D’abord nommée Lara Cruz, l’héroïne est devenue Lara Croft, la fille d’un lord archéologue de renom. Au centre d’un excellent scénario (la recherche autour du monde de trois fragments d’un artefact venu de l’Atlantide), Lara Croft a explosé internationalement dès le premier Tomb Raider de l’histoire, sorti en 1996.
Vidéo : SAGA TOMB RAIDER
Un personnage ultra-sexy qui a créé la fascination
Si le fondateur de Core Design était réticent à mettre en avant une femme, beaucoup de joueurs, souvent de jeunes adolescents, ont été totalement conquis par Lara Croft. Il faut dire que le studio Eidos Interactive, qui avait acheté Core Design en 1996 et qui voulait également au départ remplacer Lara par un homme, avait finalement décidé d’en faire un personnage encore plus sexy que prévu, notamment en lui attribuant des formes généreuses bien mises en avant dans le marketing. Si la pixellisation était très importante à l’époque, des programmeurs avaient quand même développé un patch pour jouer avec une Lara nue. À l’époque, des joueurs sont quasiment tombés amoureux de l’héroïne en mini-short, à laquelle NRJ 12 avait consacré un documentaire en 2018. Sorti fin 1997, Tomb Raider 2 a ainsi fait partie des 15 meilleures ventes de l’histoire de la PlayStation avec plus de 5 millions d’exemplaires vendus.
D’objet de fantasme à "badass" figure du féminisme
Incarnée pour la première fois au cinéma en 2001 par Angelina Jolie, Lara Croft est passée encore un peu plus à la postérité avec cette adaptation dont le titre, Lara Croft: Tomb Raider, nommait expressément l’héroïne. Succès au box-office, ce premier film a donné lieu à une suite un peu moins appréciée par des fans qui ont également peu à peu délaissé les jeux vidéo de la saga.
Ayant repris en 2010 une franchise qui avait besoin de se renouveler et souffrait de la concurrence (dont celle d’Uncharted), l’éditeur de jeux vidéo Square Enix s’est alors attelé à modifier l’image de Lara Croft. Moins sexy, Lara Croft s’est réinventée dans le reboot Tomb Raider (2013), mettant en scène une héroïne inexpérimentée devant survivre sur une île peuplée de naufragés fanatiques (11 millions de jeux vendus et une place dans notre Top 5 des meilleurs Tomb Raider). Dans la lignée, le reboot sorti au cinéma en 2018 a renforcé l’image d’une nouvelle Lara Croft indépendante et rebelle, mais aussi fragile, sombre et violente. Fort de son succès, cette Lara Croft plus humaine et moins fantasmée devrait bientôt faire son retour dans les salles obscures. Un second film, prévu initialement pour 2021, a été repoussé indéfiniment, mais le scénario est déjà en cours d'écriture selon Alicia Vikander. L'exploratrice semble avoir encore un bel avenir devant elle, plus de 20 ans après sa naissance.