Une formule lambda
En avril 2016, le monde apprenait l'existence d'un Fire Emblem sur smartphone, mais ce n'est qu'en janvier 2017 que l'on découvre son nom et son style de jeu.
Sans surprise, Nintendo confie le développement à DeNA, un studio spécialisé dans le jeu mobile (et notamment responsable du portail Mobage), qui propose une énième version du Gacha.
Le Gacha, c'est ce principe de loterie où vous dépensez de la monnaie fictive (mais généralement accessible de manière illimitée contre un code de carte bleue) pour débloquer des personnages. Le récent et très bon Final Fantasy Brave Exvius utilise ce modèle.
Le piège, c'est que même en dépensant des fortunes (aléatoire oblige), vous n'êtes pas certain de gagner des héros cinq étoiles (la qualité légendaire).
« C'est le jeu ma pauvre Lucette », sauf qu'ici bas, Fire Emblem Heroes ne donne même pas envie de dépenser le moindre sou.
Mon royaume pour du contenu
L'histoire principale se scinde en neuf chapitres de plusieurs actes.
Sur le papier, cela sonne raisonnable pour tenir quelques jours... mais la réalité est autre, et il ne faut pas plus de deux heures pour en venir à bout.
Le jeu libère ensuite des difficultés supplémentaires qui nécessitent un sérieux boost de vos statistiques et une quantité absurde d'énergie (chaque acte coûte un certain nombre d'énergie, on ne vous apprend pas les règles du jeu gratuit).
Mais globalement, Fire Emblem Heroes n'est pas très généreux.
Il faut donc se contenter d'un mode PVP lambda, de quelques missions spéciales pour se sustenter, et des nouvelles quêtes annexes fraîchement débarquées.
Dans tous les cas, on est loin de la générosité de Brave Exvius.
La stratégie par le vide
Si Fire Emblem a toujours conquis son audience en misant sur une tactique millimétrée, l'épisode Heroes joue dans une autre catégorie. Celle du jeu accessible et du combat rapidement négocié grâce à un plateau de jeu qui ne permet aucune liberté de mouvements.
En somme, vous allez vers l'ennemi et c'est à celui qui a les meilleures statistiques ou la priorité (la lance détruit l'épée qui détruit la hache qui détruit la lance) de remporter le duel.
Au dernier chapitre, le jeu inverse toutefois les règles et multiplie par trois sa difficulté, mais seulement une partie sur deux. Vous lancez donc la bataille, perdez car l'ennemi évite tout... dépensez de l'énergie pour relancer le combat, et roulez comme par magie sur tout le monde.
C'est ce que l'on appelle « les règles injustes du free to play ». Les plus téméraires iront ensuite batailler en PVP pour réaliser qu'ils ont une équipe trop faible... et chercheront à augmenter leurs poulains d'une étoile pour augmenter leur chance.
Las, améliorer un personnage coûte des plumes, et les plumes tombent aussi souvent et généreusement que la neige en hiver sur Paris (à moins de gagner des matchs en PVP ou d'avoir beaucoup d'amis). Et la récompense n'est même pas à la hauteur du temps de farm vu l'intérêt tactique du combat.
Mais téléchargez-le massivement !
Alors oui, Fire Emblem Heroes n'a, d'un point de vue intelligence de gameplay, aucun intérêt. Mais ce serait oublier la fantastique source de points de platine (1100 à ce jour) qu'il débloque pour votre compte My Nintendo.
Des points qui, on le rappelle pour ceux qui débarquent, permettent de débloquer des réductions sur l'eShop (-30% sur Super Mario Galaxy 2 ou Super Mario World et sa suite), des récompenses pour Super Mario Run et Miitomo, ou des thèmes pour habiller votre interface 3DS.
Il n'est donc pas si inutile pour un jeu gratuit, et peut même vous encourager à acheter ensuite un vrai Fire Emblem si vous appréciez l'ambiance, le combat (même s'il s'agit d'une version très simplifiée), ou craquez pour la charismatique Cordelia (personnage emblématique de l'épisode Awakening sur 3DS). Même si son dessin n'a pas grand chose à voir avec son modèle d'origine bien plus réussi, n'est pas Kozaki qui veut (ce qui n'est pas évident à lire à voix haute).
Malgré ses qualités certaines, c'est donc avec regret que l'on vous annonce que Fire Emblem Heroes n'est pas digne de son nom. Mais on retient tout de même une interface fonctionnelle sur smartphone et tablette (iOS / Android), sa bande son réussie et son style graphique plutôt accrocheur.