On profite de cette froide journée d'hiver pour vous proposer une CHRONIQUE un peu spéciale, une expérience personnelle et non un regard pro sur un jeu. Car il était temps de vérifier si Farming Simulator se destine uniquement aux addicts de la ferme ou s'il s'agit tout simplement d'un excellent jeu tout public. Voici le retour de notre bleu.
Pour aujourd'hui, appelez-moi Monsieur N (pour "NRJ"... oui, c'est très recherché). Mon plaisir de joueur, je le prends d'ordinaire en incarnant un gangster, un héros qui sauve le monde avec une épée de trois mètres, ou un maître dans l'art de la dissimulation.
Alors l'idée même de conduire un tracteur pour labourer des hectares de rien ne me fascine pas. Mais pour l'expérience, je me suis prêté au jeu d'enfiler un costume de super fermier pendant treize heures.
Pousser la curiosité
Dès le départ, je comprends que Farming Simulator 17 ne fait aucun effort pour attirer les curieux et résume son histoire à un homme ou une femme lambda qui a, comme des milliards d'êtres humains, contracté un prêt à la banque et doit le rembourser.
Me voici donc avec trois champs, deux tracteurs et un gros truc qui, selon l'ami Wiki, réalise simultanément la moisson et le battage... d'où son nom, la moissonneuse-batteuse. C'est d'une logique implacable.
Le jeu propose ensuite un tour d'horizon du décor, mais la visite ne dure que quelques secondes avant de nous abandonner au milieu d'un champ. Et la première question se pose : je fais quoi maintenant ?
Je pense que c'est à ce moment précis que mes vieux réflexes de GTA sont ressortis, et que j'ai tenté d'écraser quelques individus sur la route pour me défouler, en vain... ce n'est pas prévu.
Cinq heures plus tard
À ce stade, j'ai bien compris que Farming Simulator 17 n'était pas un jeu exotique, je ne m'attends plus à voir débarquer les aliens et à leur balancer des épis de maïs à la tronche pour sauver Goldcrest Valley de l’esclavagisme.
Mais les cinq premières heures sont passées relativement vite et mieux encore, elles n'ont pas été désagréables.
L'argent rentre très lentement dans les caisses mais j'ai repéré cette option fantastique « engager un ouvrier », qui m'a permis de refiler la sale besogne pour pouvoir visiter la ville en voiture. Et forcément, le peu d'argent gagné me permet tout juste de leur verser un salaire.
Au détour d'une mine, j'ai ramassé quelques pépites d'or... je les ramasse sans trop savoir pourquoi, un réflexe de joueur.
Satané prêt
Dans Farming Simulator 17, vous pouvez travailler pour les autres fermiers. De prime abord, l'idée peut sembler complètement absurde puisque l'on a déjà trois terrains à gérer, des ouvriers engagés, pourquoi s'embêter à labourer les terres du voisin ?
Mais tout simplement parce que ça rapporte BEAUCOUP d'argent. Au point de se demander si le jeu n'est pas une satyre de notre monde réel puisque vous engagez des ouvriers payés au lance-pierre, et gagnez cent fois plus en faisant la même chose ailleurs.
Mais le résultat est là, vous vous enrichissez en labourant le champ des autres pendant que vos ouvriers retournent vos terres et les remplissent de céréales, maïs, ou autres graines que vous revendez au plus offrant. Un petit coup d’œil sur la bourse locale me permet de toujours vérifier ce qui part le plus en ce moment et à quel prix.
Petite astuce : ne le répétez à personne mais j'ai triché (« ouhhhh, la honte ! ») et regardé sur le net l'utilité des pépites. En fait, il y en a cent planquées dans le décor et si vous les récupérez toutes, le jeu vous offre la somme d'un million d'euros. Oui, un million ! Et avec une carte, cela ne prend pas plus d'une heure pour les ramasser. Je dis ça... je dis rien.
Treize heures plus tard
Pour être honnête, je ne sais pas pourquoi je joue encore à Farming Simulator 17.
Le prêt est remboursé depuis longtemps et avec mon million, j'ai racheté plusieurs terrains et engagé plus d'ouvriers payés au lance-pierre (c'est rigolo en fait d'être patron). Ma vie est prospère et j'en ai profité pour élever des vaches et des moutons... que j'ai tenté d'écraser avec ma voiture, ce vieux réflexe nerveux, mais rien n'y fait.
Mon travail est donc bouclé et je pourrais reprendre une activité normale, mais je n'arrive pas à décrocher du jeu. Déjà parce que je souhaite élever des cochons (ma vie est formidable) et parce qu'il me reste encore quelques succès Steam à boucler.
Et il faut bien l'admettre, ce jeu me rend zen (hormis les deux tentatives de dommages collatéraux).
Je me surprends même à trois heures du matin à observer tout ce petit monde qui travaille, et à reprendre le contrôle d'un tracteur pour labourer un champ en écoutant la radio qui diffuse la playlist d'autres joueurs (une option géniale qui n'est à priori pas disponible sur console, mais le dernier patch PS4 Pro a rajouté les bonnes résolutions, c'est un début). Je ne remercie d'ailleurs pas celui qui a balancé toute la discographie de Justin Bieber.
Mais oui, sans raison apparente, le charme agit naturellement.
Verdict
Alors bien évidemment, Farming Simulator 17 ne m'a pas donné envie de devenir fermier, surtout si Karine Le Marchand ne vient pas me rendre visite tous les ans. Et je ne compte pas investir dans l'épisode 18 ni le 19.
Mais il faut bien reconnaître que derrière ce jeu OVNI se terre un système très intelligent et très chronophage. On y fait à la fois tout et rien, mais sans avoir jamais l'impression de perdre son temps.
Les premières heures sont destabilisantes et c'est au studio de recalibrer ce souci pour les prochains curieux, mais on comprend déjà mieux pourquoi cette licence attire des millions de consommateurs chaque année.
Et ce n'est pas parce qu'on rêve tous secrètement de récolter du maïs, mais tout simplement parce qu'il s'agit bien d'un jeu vidéo, et qui plus est d'un bon.
Ma prochaine étape sera sans doute de convaincre quelques amis car le jeu propose de gérer une ferme à plusieurs. Transformant cette expérience de vie solitaire en mini MMO agricole. Et je compte bien les payer au lance-pierre !
Et à la question : à qui se destine Farming Simulator ? La réponse est au final assez évidente : tout simplement aux joueurs avides de nouvelles expériences et aux curieux ! De mon côté c'est promis, je ne pointerai plus cette série de mon doigt cynique... mais maintenant vous m'excusez, j'ai un monde à sauver avec une épée de trois mètres de long.