Il y a beaucoup de raisons qui nous font préférer Dishonored 2 au reste du (sublime) catalogue 2016. À commencer par sa direction artistique folle (retrouvez notre interview de Sebastien Mitton) qui assure neuf chapitres plongés dans des décors esthétiquement sublimes, et aux commandes de deux héros très charismatiques.
On peut évoquer la musique de Daniel Licht aussi, qui envoûte son audience avec ses mélodies instrumentales sombres, parfois rock, parfois orientales, jusqu'à la chanson On the Sands of Sweet Serkonos qui conclue brillamment l'ensemble de l'OST.
Et puis Dishonored 2, ce n'est pas qu'une esthétique réussie, c'est une technique à tomber et qui a achevé plus d'une configuration PC à son lancement. Les derniers patchs ont arrangé l'optimisation, mais les consoles d'origine souffrent encore (PS4 / Xbox One) et il faut préférer les modèles PS4 Pro et Xbox One S pour assurer un framerate stable.
Oui, le jeu de l'année se mérite !
Le jeu vidéo à la carte
Mais tous ces points positifs seraient peu de choses sans son game design qui assure une liberté totale d'action sur le terrain, là où 90% du catalogue actuel impose ses règles.
Arkane Studios ne demande rien, si ce n'est de vous faire plaisir. Vous souhaitez lancer la mission, tuer tout le monde, courir au milieu de la foule et effrayer votre vis-à-vis avec votre masque en traînant le corps de votre cible ? Faites !
Vous préférez infiltrer le lieu et ne laisser aucune trace en neutralisant votre contrat au lieu de l'achever ? Faites ! Les gens évoqueront le savant devenu fou lors de sa dernière expérience et non du héros qui l'a consciemment placé dans une chaise électrique pour lui retourner le cerveau.
La bonne façon de jouer
Comme Fallout 4 l'an dernier, à qui nous avions décerné le prix du jeu de l'année 2015 en dépit de ses innombrables défauts, il y a une bonne et une mauvaise manière de jouer à Dishonored 2.
La mauvaise, c'est en se fixant des règles qui n'existent pas : « je suis un espion, j'infiltre même si je n'aime pas ça ».
La bonne, c'est en le savourant sur la durée, car il faut le finir plusieurs fois et de différentes façons pour repérer chaque possibilité, chaque passage, chaque manière de résoudre un problème.
Dishonored 2 est un parc d'attractions aux richesses insoupçonnées. Ce n'est qu'à notre quatrième partie que nous avons tenté de couper les câbles d'un ascenseur pour qu'il achève sa course au rez de chaussée et qu'il explose le sol pour ouvrir un passage secret (la curiosité du joueur, car rien ne l'indique). Et c'est en cherchant à tester ses possibilités, que nous avons réussi à jouer avec le passé pour moduler le présent et accéder à une rune planquée (lors d'une mission spécifique). Ce jeu est d'une logique implacable, à vous de jouer avec.
Le héros d'une génération
On le répète, le triple A d'Arkane Studios est d'une intelligence rare et vous devez lui consacrer du temps pour tester ses limites.
En fait, c'est votre curiosité qui va définir si à l'arrivée, Dishonored 2 est un jeu d'action comme tant d'autres, ou la plus fantastique proposition sortie en 2016 (ou depuis Bioshock en fait, ne zappez surtout pas sa récente compilation).
Et un jeu vidéo aussi généreux, capable de nous faire réfléchir tout en restant accessible à un large public, de pousser notre curiosité, et de nous rendre meilleur au fil des parties (comme un speedrun de Dark Souls, lorsque vous rushez le jeu en oubliant ces heures où le challenge paraissait impossible)... c'est indiscutablement le jeu de l'année. Et quand on connait le niveau du catalogue 2016, Arkane a du mérite.