Star Ocean : Integrity and Faithlessness, Atelier Sophie, Sword Art Online : Lost Song, Tales of Zestiria, la nouvelle génération n'est pas en manque de RPG japonais. Pour autant, chacun de ses jeux a un point commun évident, ce besoin d'oublier certains acquis, de mettre son exigence au placard pour apprécier la proposition. Le scénario, l'épique, la technique, l'ambition, la liberté, nul JRPG récent peut se vanter de proposer le package complet. Nous avons donc décidé de rejouer à deux titres des années 90 et le constat fait plutôt mal.
Dragon Quest IV
Sorti en 1990 sur NES, retravaillé complètement en 2001 sur PS2 au Japon puis ressorti en 2007 sur DS à travers le Monde, Dragon Quest IV affiche déjà une efficacité ingrate en dix heures de temps : son récit. Et la formule est simple. Un court prologue qui sert à introduire le jeune héros (ou héroïne au choix) plein de promesses suivi de quatre chapitres pour nous présenter chaque membre de la future équipe. Du vieux soldat qui enquête sur la disparition d'enfants à l'homme qui rêvait d'ouvrir la plus célèbre boutique d'armes du pays, en passant par les sœurs cherchant à venger la mort de leur père ou de cette jeune tsarine avide d'aventure, Dragon Quest IV prend le temps d'installer son histoire et présenter son casting.
Dès le chapitre 5, le jeu s'accélère. Notre héros rencontre enfin Maya et Mina au détour d'un casino (l'occasion de participer à des mini-jeux), les trois viennent en aide au marchand Torneko, puis trouvent une racine de camomille qui apaise les douleurs du soldat Kiryl, qui n'est autre que le protecteur de la tsarine Alina. Le groupe prend ainsi forme et la quête pour retrouver Psaro l'Exterminateur peut enfin commencer. En à peine dix heures, le joueur parcourt la moitié du monde et débloque son bateau pour traverser les mers en quête de nouveaux horizons.
Il voyage, il s'enivre d'un scénario parfaitement ficelé et tombe amoureux de son groupe de héros pas si ordinaires. En dix heures, Dragon Quest IV a déjà plus à raconter que l'ensemble des jeux de rôle du catalogue PS4/One, et l'aventure commence à peine.
Final Fantasy Tactics
Nous avons ensuite prolongé l'expérience des JRPG des années 90 avec le plus grand Tactical jamais créé, sorti en 1997 sur PS1 et en 2007 sur PSP avec de nouvelles cinématiques et des ralentissements exclusifs. Final Fantasy Tactics, c'est tout simplement le patron. Celui qui dès la première seconde, happe son audience avec une musique signée Sakimoto (Vagrant Story, Final Fantasy XII) si épique que le joueur laisse tourner l'écran-titre pour profiter des nombreuses présentations.
Celui qui dès son prologue va poser un contexte fort, un décor, souligner la dualité entre deux amis d'enfance et les premières trahisons. Final Fantasy Tactics est l'introduction parfaite, celle qui en quelques minutes, vous fait comprendre que vous avez lancé le meilleur jeu du monde. Quelques minutes...
L'évidence même
Si Final Fantasy Tactics est reconnu comme le chef d’œuvre de Square, ou tout simplement du Tactical RPG, Dragon Quest IV n'a pas le génie du cinq ou la générosité du six. Sur Super NES, on trouve même d'autres jeux plus épiques tels que Final Fantasy VI et Chrono Trigger (en photo). Mais en dix heures, ce «moins bon» Dragon Quest annihile déjà tout le catalogue JRPG de ces deux dernières générations. Par son dépaysement, son rythme, cette narration idéalement calibrée et qui ne met pas cinquante heures à démarrer.
Dans un JRPG des années 90, le joueur n'a pas à faire de concessions. Il n'a pas à tout miser sur le système de combat et fermer les yeux sur une mise en scène bancale. Il n'a pas à se dire « ce n'est certes pas ambitieux mais le casting est attachant, puis le craft est tellement riche blablabla ». Dix heures de Dragon Quest IV suffisent à prendre l'ensemble de Bravely Second et conclure au navet.
L'éveil des sens
Mais ce n'est pas une fatalité, car il est toujours possible sur 3DS et Vita de découvrir ou redécouvrir ces chefs d’œuvre d'hier. Alors faites du bien à votre New 3DS et trouvez les 4 fantastiques et intégralement en français Dragon Quest IV, V, VI ou Chrono Trigger. Rechargez la Vita et téléchargez Final Fantasy IV, VI, Tactics et Suikoden II (en photo) sur le PSN. Une heure sur l'un de ces titres suffit à oublier tout le catalogue japonais de ces quinze dernières années. Alors comme dirait Denis, la sentence est irrévocable... le JRPG, c'était mieux avant ! Mais FFXV peut changer la donne.