Olivier Mauco est consultant et concepteur de serious games, cofondateur de The Good Drive (start-up qui développe un jeu vidéo grand public destiné à apprendre à conduire), enseignant en école de jeu et en master de sciences politiques, et auteur (1)… Bref, Olivier Mauco est multi-joueur.
Quels sont les métiers du jeu vidéo ?
Pour schématiser il existe 4 grandes familles de professions :
- Développeurs : un marché qui se porte très bien, même s’il y a beaucoup de compétition.
- Graphistes 3D spécialisés dans les jeux vidéo : un secteur un peu plus précaire parce que cette profession n’est pas représentée à toutes les étapes de la création d’un jeu.
- Concepteurs : beaucoup de formations existent, du coup c’est un segment plus bouché.
- Testeurs (psychologues, analystes, joueurs…) : chargés d’expérimenter le jeu, en suivant des protocoles.
Mais il ne faut pas oublier que la moitié du budget d’un jeu vidéo est dédié à la communication (marketing, publicité, etc.), le secteur recrute aussi des étudiants issus du Celsa, de Sciences Po, de polytechnique…
Justement, quelles sont les formations existantes ?
Comme je vous le disais c’est un secteur pluridisciplinaire. Mais il existe 2 formations spécialisées :
- Le Master de l’ENJMIN (école nationale du jeu et des médias interactifs numériques) à Angoulême qui propose des formations en game design, conception visuelle, conception sonore, programmation, ergonomie, management de projet.
- Et SUPINFOGAME (école des talents de la création numérique) avec une filière dédiée à la réalisation vidéoludique.
Il existe également des écoles qui proposent des formations spécialisées, notamment en graphisme 3D. Parce qu’attention : le jeu vidéo requiert des techniques très particulières.
Existe-t-il des métiers en plein boom dans ce secteur ?
Nos compétences s’exportent très bien, même si la langue constitue parfois un frein : c’est une industrie où on ne parle qu’anglais.
Les data analysts sont très recherchés. Leur mission est de recueillir et structurer les données des joueurs, qui sont de plus en plus connectés.
Il y a aussi le métier d’economic designer : à la croisée du business et du design, il s’agit de travailler sur les processus de monétisation, pour savoir quand le jouer va être prêt à payer.
Est-ce qu’il y a des aspects méconnus dont tu aimerais parler aux jeunes qui ont envie de travailler dans le jeu vidéo ?
Si vous recherchez la tranquillité ce n’est pas la bonne voie…
C’est une industrie d’innovation, cela suppose beaucoup de flexibilité. Parfois on travaille comme des dingues, parfois moins. Le rythme est moins lissé que dans d’autres secteurs.
C’est aussi un milieu de passion : il est difficile d’y rentrer.
Et puis il faut oublier ses certitudes : celui qui nous éduque c’est le joueur.
(1) GATIV, l’envers du rêve américain (Editions Questions Théoriques, septembre 2013), Jeux vidéo : hors de contrôle ? (Editions Questions Théoriques, février 2014)