Un best-seller aux accents intimes
Lorsqu'en 2007 Jay Asher parvient à publier son premier roman, "Treize raisons", il ne se doute pas encore qu'il tient là un passeport pour la gloire et un phénomène de société. En racontant l'histoire d'Hannah Baker, une jeune lycéenne qui avant de se suicider laisse derrière elle treize cassettes audio adressées à ses camarades de classe, et de Clay Jensen, le garçon qui découvre ces cassettes, Jay Asher décide d'aborder de front des sujets très durs et très contemporains de la période de l'adolescence.
En évoquant ouvertement le suicide adolescent, l'addiction aux drogues et à l'alcool, le harcèlement scolaire, le racisme, le sexisme, l'homophobie ou le viol, Jay Asher signait là le portrait d'une génération blessée qui s'est retrouvée dans les secrets et les intrigues du lycée de Liberty High.
Derrière ces adolescents de fiction, il y a néanmoins la trace de la propre adolescence de l'écrivain, le personnage d'Hannah Baker étant inspiré d'une de ses meilleures amies, qui avait tenté à l'époque de mettre fin à ses jours (mais qui s'en était, elle, heureusement sortie vivante). Depuis sa publication, le succès du livre ne s'est jamais démenti : quand Netflix décide en 2017 de lancer la production d'une adaptation en série de "13 Reasons Why", le roman s'est déjà écoulé à trois millions d'exemplaires rien qu'aux États-Unis.
Des libertés créatives dans l'adaptation
Si la trame globale de la première saison suit celle dans l'ensemble du livre, elle se démarque cependant par quelques libertés prises. La durée de l'intrigue est notamment considérablement rallongée pour pouvoir tenir en treize épisodes. En effet, Clay écoute les treize cassettes en une seule nuit dans le roman d'Asher. Le personnage de Clay prend d'ailleurs une importance beaucoup plus grande dans la série, là où dans le livre il n'est qu'un camarade de classe parmi d'autres d'Hannah, pas véritablement lié à son décès.
Certains personnages quasi inexistants sur papier, comme Skye ou Alex, présentent aussi le même traitement tandis que certaines conséquences varient d'une oeuvre à l'autre (les parents d'Hannah n'attaquent pas le lycée au tribunal dans le livre, et Bryce n'y avoue pas le viol d'Hannah par exemple). Enfin, même la cause de la mort d'Hannah n'est pas la même puisqu'elle se tranche les veines dans la série de Netflix alors que c'est en ingurgitant des médicaments qu'elle met fin à ses jours dans le roman original.
Approfondir les liens entre les personnages
Déjà en 2011 "13 Reasons Why" avait failli devenir un film quand les studios Universal ont acquis les droits du roman d'Asher. À l'époque, l'actrice principale aurait dû être... Selena Gomez, qui était déjà à l'époque de la partie. Si elle a depuis laissé la place à Katherine Langford, la chanteuse reste néanmoins très proche du projet puisqu'elle y officie en tant que productrice exécutive aux côtés du showrunner Brian Yorkey.
Et pour Jay Asher, ce choix fut finalement une bonne décision, qui permet avec la série d'explorer plus en profondeur les liens qui unissent tous les personnages, et d'aller plus loin que dans un film de deux heures. Dans une interview à Konbini en 2017, il expliquait ainsi : "Dans la série, on peut se rendre compte que les autres personnages doivent gérer plusieurs choses de leur côté et ça nous aide à comprendre pourquoi ils ont pu agir comme ça avec elle". Les trois saisons suivantes permettront également de creuser plus encore les retombées de l'acte d'Hannah sur sa communauté, pour le meilleur et pour le pire !