Résumé de l'épisode précédent : déstabilisés par la proposition bien trop décalée, nous avons décidé d'abandonner notre partie au bout de quelques heures et de ne pas rédiger de test, simplement un rapide point pour les curieux. Mais par amour pour le JRPG, le Japon, sa culture décalée aussi, le passé de Intelligent Systems et le respect des séries Shin Megami Tensei et Persona, nous nous sommes replongés dedans. Et c'est sans doute l'une de nos meilleures décisions de l'année.

La double couche
Tokyo Mirage Sessions #FE (oui #FE, mais notre site n'aime pas ce symbole dans les titres, donc on improvise) est en quelque sorte, le Final Fantasy X-2 de la Wii U. C'est à dire un jeu qui va bousculer les codes du RPG à la japonaise en créant un univers kawaii enrobé d'une musique jpop qui nous pousse, fiers joueurs que nous sommes, à baisser au maximum le volume du téléviseur pour ne pas qu'un voisin nous entende. Et Intelligent Systems joue la carte à fond !
Chorégraphies sentaï (ou Power Rangers-like), session de chant et de danse, envoi incessant de SMS sur le Gamepad improvisé en smartphone, on nage en pleine simulation d'idole japonaise. En somme, il est loin le héros amnésique et torturé du cahier des charges Triple A JRPG. Mais pourquoi pas ! Car si la façade peut faire fuir plus d'un habitué, il se fissure au fil des heures pour dévoiler une seconde couche bien plus sombre, violente et folle, qui nous rappelle pourquoi on aime tant les productions Atlus... et Final Fantasy X-2 par la même occasion.
Une générosité old school
Sur les quinze dernières années, le JRPG demande certaines concessions du joueur pour se laisser apprécier. TMS (l'inverse de SMT, Shin Megami Tensei, sans doute pour rappeler le côté très opposé à la noirceur de la série d'Atlus) n'échappe pas à la règle dû à son univers décalé mais se rattrape par sa générosité. Qu'il s'agisse de son casting irrésistible, de l'aspect fan service respecté avec de nombreux costumes à récupérer ou du contenu annexe qui débloque des attaques spéciales et quelques cinématiques inédites.
En fait, vous n'avez jamais l'impression de jouer pour rien et de fouiller un décor dans le seul but de débloquer un trophée au bout. #FE est généreux et diamétralement opposé à Star Ocean V qui excelle par son combat, mais se loupe quasiment sur tout le reste.


Intelligent Systems x Atlus
Le jeu aime nous rappeler constamment ses origines. En donjon par exemple, on retrouve l'architecture en couloir de Shin Megami Tensei avec une esthétique et un bestiaire totalement barrés et de nombreux mécanismes à activer pour atteindre le dernier palier. En combat, c'est Intelligent Systems (Fire Emblem) qui brille par son sens tactique qui pousse le joueur à trouver les combinaisons parfaites de héros pour toucher le point faible de l'ennemi. Ici, on ne tape pas bêtement sa cible en économisant sa mana pour le boss car chaque combat est un challenge.
Et puis il y a les phases de repos entre les chapitres, les dialogues décalés, l'arène du quartier de Harajuku, et tout cet ensemble propre à la famille Persona, notamment le 4 pour l'aspect pétillant. Ce qui peut aussi apparaître comme un handicap, car il faut du courage pour passer le cap du « on est étudiant et on sauve le monde entre deux séances de shopping à Shibuya ». Mais l'ensemble est au final très cohérent, pour tous ceux qui lui consacreront du temps et briseront les préjugés des premières heures. On regrette finalement qu'une seule chose, c'est ce pattern très old school de farmer au début du donjon pour survivre jusqu'au boss de mi-parcours, puis de farmer encore pour affronter le boss de fin de donjon. Et ce processus se répète tout au long des six chapitres... mais c'est une habitude des productions Atlus.