Dans les années 90, ce n'est pas le jeu qui s'adaptait au joueur mais le joueur qui s'adaptait au jeu. On ne finissait pas Actraiser 2 en maintenant la gâchette pour courir tout droit jusqu'à la fin du niveau. On mourrait cent fois dans Castlevania sur GameBoy en tombant dans le vide, jusqu'à dompter le saut et les distances. Et le simple nom de Gouls'n Ghosts donne encore des sueurs froides aux connaisseurs, qui sourient en regardant la nouvelle génération pleurer devant la difficulté de Dark Souls III. Mais c'est aussi ce challenge, cette difficulté qui créait la passion, l'envie de devenir meilleur. Aujourd'hui, tout est trop simple, trop guidé, ou régi par un choix de difficulté pour adapter son gameplay à différentes mains. Alors sachez-le, dans StarFox Zero il n'y a pas de mode easy ou hard. Il n'y a pas un gorille blanc qui va rentrer dans l'Arwing pour piloter à votre place jusqu'au générique de fin. Il y a un jeu qui réclame du skill, de la patience et du temps pour comprendre sa prise en main ambitieuse. Au bout, seuls les plus persévérants seront récompensés, les autres hurleront au scandale ou regretteront l'achat. Mais ne nous trompons pas aujourd'hui, ce n'est pas StarFox Zero qui est nul ou injouable, c'est le joueur qui manque de skill et doit réapprendre à être bon.

Gamepad, mode d'emploi
Comme Skyward Sword sur Wii et sa gestion parfaite de la Wiimote et du Nunchuk, StarFox Zero est le premier jeu qui montre à sa génération la vraie utilité et l'intérêt de sa manette. Ici, il ne s'agit plus d'utiliser l'écran du Gamepad tel un raccourci de luxe pour afficher l'inventaire, mais à s'en servir pour être précis. En somme, vous contrôlez votre vaisseau (l'Arwing) sur le téléviseur, et visez juste en vue cockpit en regardant le Gamepad. Mais ce concept, aussi génial soit-il, ne convainc qu'après X heures de jeu.
X représentant la durée qui varie en fonction de chaque joueur. Certains réussiront à jongler entre les deux écrans au bout d'une heure, d'autres vers la moitié du jeu ou même la fin... et puis il y a ceux qui n'y arriveront jamais et préféreront accuser les développeurs. Mais comprenez bien que StarFox Zero ne cherche pas à plaire au plus grand nombre mais à récompenser les plus persévérants. Ce qui dénote avec le cahier des charges Nintendo, mais colle parfaitement à l'état d'esprit de PlatinumGames. Pour autant, PlatinumGames n'est pas hors-sujet car de Nintendo, on retrouve l'intelligence du gameplay, cette volonté à vous faire jouer différemment et à vous éduquer sur les bienfaits du jeu vidéo.
Vers l'infini et bien au-delà
StarFox Zero ne se termine pas en trois heures, il commence tout juste. Le jeu débloque des modes mais surtout vous invite à l'éternel recommencement pour comprendre toutes les subtilités du titre. Qu'il s'agisse d'un embranchement ou d'une utilisation intelligente des transformations de votre vaisseau pour atteindre un nouveau lieu, le jeu fourmille de secrets. Que se passe t-il si vous empêchez cette fois le boss de fuir, ou sauvez Peppy d'un mauvais tir ? StarFox Zero est un jeu des années 90, un jeu qui commence après le générique de fin.


Celui qui avait tout compris
Si vous regardez dans le détail, StarFox Zero n'a sans doute pas la beauté frappante de Uncharted 4. Mais là encore il ne faut pas confondre technique et esthétique. Il suffit de visiter la planète Titanium ou l'exotisme de Fortuna pour être happé par l'esthétique du jeu. Oui, si vous mettez le jeu sur pause et louchez sur la texture de la montagne, vous constaterez que PlatinumGames n'a pas sorti le grand jeu. Mais avec vos yeux qui jonglent constamment entre l'écran du Gamepad et la télévision, la technique n'a aucune incidence.
L'esthétique en revanche, le rythme endiablé, la démesure d'un boss, sont des éléments majeurs et là encore, StarFox Zero réussit le sans-faute. Et puis qui a envie d'enclencher la pause alors que vous exécutez un slalom géant dans une structure comme si vous étiez Luke Skywalker dans un X-Wing attaquant l’Étoile Noire ? Alors attention, il y a des ratés. Certaines phases ouvertes en arène (vous vous déplacez librement dans l'espace) sont redondantes ou peu palpitantes, et la protection du vaisseau-mère dans un champ d'astéroïdes est ratée. Mais retenez bien une chose : StarFox Zero est un grand jeu et parmi les meilleurs du catalogue Wii U ou tout simplement de cette génération.