Au Japon il y a Final Fantasy XV, Bloodborne, Twilight Princess HD et Senran Kagura. C'est à dire du jeu vidéo aussi bien Triple A que Triple nanar, et les deux peuvent cohabiter en touchant un même public. En France, la culture est un peu différente. On aime le burlesque et l'absurde, mais on l'aime quand il est bien fait, quand il est plus à même de rentabiliser la machine sur laquelle il tourne. C'est ainsi qu'on aime faire semblant d'aimer le volley-ball pour scruter langoureusement les héroïnes de Dead or Alive. Car c'est beau, décalé, sexy et drôle. Estival Versus ne va malheureusement pas aussi loin et se limite à une base beat them all très sommaire. Mais pas de souci, il trouvera son public de niche et à défaut de convaincre sur PS4, il saura détendre son monde sur Vita, là où son minimalisme sera plus apprécié.

Cachez ce sein que je ne saurais voir
Dans Estival Versus, le joueur se lance dans un (trop) long mode Histoire durant lequel il côtoiera petit à petit les différentes étudiantes en vacances. Il les fera grimper de niveau pour débloquer de nouveaux mouvements, il atteindra rapidement le douzième palier pour déverrouiller l'attaque de niveau 3 qui se résume souvent à une forme berserk capable de faire des ravages dans les rangs adverses... puis il débloquera de nombreux costumes et sous-vêtements dans la boutique du jeu pour changer l'esthétique de ses héroïnes.
Il ne sera pas captivé par les techniques de combat, ni par la redondance de son environnement, mais il appréciera (en cachette) le fait que nos filles se dévêtissent au fil du round pour finir les jambes en l'air sur une bouée en forme de banane ou l'un des nombreux finish au burlesque assumé. C'est à la fois génial et complètement débile. Et on aime quand Marvelous joue à fond la carte de l'absurde, plus encore que pour l'épisode Shinovi Versus. Malheureusement, il ne faut pas en attendre beaucoup plus.
Des limites trop visibles
Le souci de Estival Versus se situe au niveau du contenu. Car en dépit d'une durée de vie conséquente de vingt-cinq heures pour tout débloquer, le joueur se contente de répéter les mêmes choses et les mêmes gestes sur les trois modes principaux du titre. Le combat se résume généralement à affronter une horde de bots similaires avant de combattre le ou les boss de la zone. Ses techniques se limitent aux plus efficaces, c'est à dire un matraquage de la touche d'action avant la projection, suivi d'une course vers l'avant pour achever tout ce beau monde en l'air. Ainsi, il fait grimper sa jauge d'attaque spéciale rapidement pour pouvoir lâcher la sauce sur les boss. Contre les boss, il peut descendre la barre de vie à 50% avant d'envoyer son attaque dévastatrice et espérer que cela suffise pour gagner le combat. Sinon l'adversaire se relève et enfile sa seconde tenue de combat pour profiter d'une barre de vie toute neuve. Et le scénario se répète à chaque combat, avec une légère variante lorsque le joueur peut faire apparaître un mecha géant dans l'arène. Les transformations sexy n'amusent plus, les finish exotiques se zappent et on en vient même à couper les dialogues, pourtant drôles, par lassitude. Un mode Histoire entièrement animé aurait sauvé bien des meubles, mais il faut se contenter d'une cinématique en guise d'intro et une seconde en conclusion.


Avec modération
Senran Kagura : Estival Versus n'est pas un mauvais bougre, mais son manque d'ambition nous empêche de conseiller l'achat à moins de 25 €... ou alors de craquer mais sur PS Vita. Car sur portable, le joueur comprend pourquoi son arène fait trois mètres carré et il s'offusque moins de la redondance des combats ou des saccades improbables. Il lance une partie occasionnellement le temps d'un défouloir dans les règles, débloque quelques maillots et joue à la poupée avec ses favoris.
L'habitué de la série regrettera tout de même le manque de soin apporté à certaines combattantes, dont la palette de mouvements se révèle inefficace contrairement aux autres membres du casting. Et tous maudiront Marvelous pour ce combat final effroyablement brouillon. Alors oui pour le délirant Estival Versus, mais avec beaucoup de modération.