Avec Blocks That Matter et Tetrobot & Co., les français de Swing Swing Submarine n'ont plus rien à prouver dans le domaine de la réflexion. Et si certains craignaient que le studio s'enferme dans un seul domaine, Seasons After Fall rassure tout le monde, ils sont aussi doués pour les jeux de plateforme à la direction artistique brillante. Ou pour trouver le doublage juste qui vient casser les idées reçues : non, toutes les voix françaises de jeux vidéo ne sont pas pourries ! On remercie donc les doubleurs, et notamment le travail d'Adeline « petite graine » Chetail qui jongle brillamment entre la voix rassurante que l'on rêve d'entendre au coucher, et celle qui nous replonge dans nos pires cauchemars.

Fox and the Gorgeous Forest
Dès l'introduction, le joueur ne peut s'empêcher de faire le lien avec une autre pépite du scrolling horizontal 2D. Il faut dire que l'on navigue dans les mêmes eaux, le conte de fée adapté en jeu vidéo. Mais l'on comprend aussi vite que Seasons After Fall ne va pas aussi loin, préférant se concentrer sur la réflexion douce et adaptée à un large public, dépourvue de la moindre action. Ici on saute, on contrôle les éléments, mais le renard n'évolue pas vraiment.
De Ori and the Blind Forest, on retrouve en revanche une architecture de niveau assez similaire, empruntée à Metroid et Castlevania. Avec des niveaux qui s'ouvrent petit à petit et livrent de nouvelles zones une fois le bon pouvoir en main. Las, c'est aussi ce qui lui coûte sa place de chef d’œuvre inoubliable.
Celui qui oubliait d'être génial
On a beau adorer l'expérience Seasons After Fall, il faut bien reconnaître que la seconde partie n'est pas aussi brillante que la première. Prétextant la délivrance des quatre pouvoirs (représentés par les quatre saisons), le jeu s'ouvre maladroitement au joueur et lui permet de vaquer à ses occupations librement. Il va libérer chaque pierre en retournant dans les mêmes endroits, mais ne peut s'empêcher de trouver l'idée redondante. Surtout quand il navigue à l'aveugle, le jeu ne proposant aucune carte pour se repérer.
La force d'un Castlevania, c'est son rythme et l'intelligence de son level design. Le joueur sait exactement où utiliser son nouveau pouvoir et se guide avec sa carte. Ici, il a une vague idée du chemin, mais ne sait pas trop dans quel ordre utiliser ses quatre pouvoirs. Car tout n'est pas bien clair, même s'il s'en sort à chaque fois.


Ne rien lâcher
C'est du détail, et rien ne vous empêchera d'aller au bout du jeu, mais c'est aussi ce qui différencie l'excellente expérience du chef d’œuvre. En revanche, il est impossible de ne pas craquer. Qu'il s'agisse de son tarif préférentiel de 15 €, de sa bande son salvatrice pour nos oreilles souvent méprisées, ou pour le décor qui s'adapte constamment aux quatre saisons. Les puzzles ne sont jamais compliqués, les situations se répètent sans doute un peu trop, mais globalement, on sort conquis de cette aventure éphémère.
Une nouvelle preuve que nos français ont un incroyable talent, alors profitez-en avant qu'ils ne se délocalisent au Canada comme 90% de leurs collègues.