Cinq ans après, jour pour jour ! Difficile de faire plus ponctuel que l'ami Jensen, très motivé à l'idée de convaincre la nouvelle génération des bienfaits d'une aventure augmentée. Avec le recul, on aime toujours Human Revolution... tout en admettant ses failles. Qu'il s'agisse d'un combat de boss pré-patch injouable pour tous ceux qui jouaient infiltrés et non létal, des animations trop rigides, une action qui manquait de pêche, ou à l'absence totale d'intelligence artificielle, il y avait pas mal de choses à revoir pour une éventuelle suite. Las, et c'est le moment de se débarrasser des mauvaises nouvelles, certaines choses n'ont pas évolué.

Une aventure divisée
Il faut bien comprendre, avant de craquer pour Mankind Divided, qu'il y a des détails sur lesquels vous devrez fermer les yeux pour apprécier l'offre. À commencer par la technique. Le jeu n'est pas vilain, mais paraît vieillot. Avec son architecture angulaire, ses quartiers de Prague qui font penser à un décor de studio en carton plus qu'à une vraie ville, ou ses animations d'une rigidité cadavérique lors des innombrables dialogues, on est à des années lumières du confort visuel de The Witcher 3.
Cette année, il n'y a toujours pas d'IA. L'ennemi réagit avec le cerveau d'un poisson rouge et oublie votre présence au bout de quelques secondes. Jouer infiltré ne pose donc aucun challenge vu le placement des ennemis, généralement de dos et attendant le couperet. Quant au scénario, même si on apprécie la qualité des quêtes principales et annexes, on se dit que K. Dick est encore loin.
Pour mieux régner
Mais pour l'habitué de Deus Ex, plus encore de Human Revolution, tout cela fait parti de l'habituel cahier des charges. Et si Mankind Divided n'est pas beau techniquement, il explose esthétiquement grâce à sa direction artistique sans faille (toujours signée Jonathan Jacques Belletête, ou Adam Jensen « irl »). Des tenues vestimentaires au mobilier, en passant par le charisme du héros, tout ici flirte avec le bon goût. Et si le jeu propose toujours deux types d'action, létale ou pacifique, Eidos Montréal favorise encore une fois l'infiltration, à l'image de la série Hitman.
Vous pouvez donc foncer tête baissée avec un fusil d'assaut, mais le feeling et la précision n'auront rien à voir avec ceux d'un FPS lambda. Le jeu prône la discrétion et, pour les plus nerveux d'entre vous, un meurtre silencieux plutôt qu'une fusillade brutale. Mais on regrette d'autant plus la bêtise adverse puisque l'infiltration retire aussi tout le challenge.


Des choix et des conséquences
Mankind Divided est aussi un jeu bavard, mais les dialogues ne sont jamais gratuits ou inutiles. Vous devrez constamment faire des choix et en assumer les conséquences (bien plus encore que dans le dernier Fallout), de la simple baston de rue à l'affrontement violent contre les forces de l'ordre... en passant par le dénouement pacifique grâce à une juste utilisation de vos augmentations. Cette année d'ailleurs, vous pouvez même trouver l'astuce pour ne tuer aucun boss.
De son côté, Adam Jensen gâte son audience avec un florilège de gadgets et de pouvoirs cachés. D'un projectile meurtrier à une attaque à 360° en passant par d'innombrables tactiques d'infiltration, notre agent n'a jamais été aussi versatile. Tout est là pour vous permettre de placer vos points de talents librement dans un arbre et créer un Adam qui vous ressemble. Gommant petit à petit cette impression désagréable de chercher le conduit d'aération sur le côté pour éviter un garde. Il faudra d'ailleurs quatre à cinq heures de jeu pour apprécier la proposition, tant l'introduction est proche du chaos. Oubliez donc le prologue et son level design en couloir, son action sans rythme et ce manque de pêche dans les chorégraphies assez terrible. Le prologue est nul, tout simplement... mais le reste est grand.