Si le RPG japonais ou JRPG est souvent résumé aujourd'hui à des étudiants ou des gamines sauvant le monde en uniforme sexy ou en maillot de bain sous fond de scénario naïf, il fût un temps où le genre était associé à l'épique, au génie et à l'écriture sans faille. Aujourd'hui il est représenté par Hyperdimension Neptunia, Trails of Cold Steel, The Witch and the Hunder Knights ou Nights of Azure, mais hier, le joueur rêvait devant Final Fantasy, Dragon Quest, Xenogears et Chrono Cross. Alors c'est un peu brutal comme résumé, car on pourrait citer Tales of Zestiria, Star Ocean 5 ou Ni no Kuni qui tentent encore de redorer le blason du JRPG old school. Mais si vous mettiez ces titres devant le moindre jeu PS1, un Suikoden 2 par exemple, vous n'y feriez même plus attention. Et en attendant que Square Enix récompense enfin les joueurs avec Final Fantasy XV (du moins on l'espère), il y a un moyen plus simple de (re)découvrir le vrai jeu de rôle à la japonaise, celui qu'on chérit, celui qui nous a fait aimer le jeu vidéo, et c'est cette remasterisation furtive mais honnête de Final Fantasy IX !

Un concentré de old school
Déjà à sa sortie en 2001 en Europe, Final Fantasy IX se présentait comme un revival des anciens Final Fantasy. Avec un univers bien plus théâtral, des personnages moins réalistes et une bonne dose d'humour, Square Enix renouait avec ce qui faisait le charme et le génie du sixième chapitre. Sans pour autant oublier la part d'épique, qu'il s'agisse d'une attaque mémorable de Bahamut sur Alexandria en images de synthèse ou de Kuja, le boss sadique à abattre.
FFIX, c'est avant tout un casting déroutant et fantastique à la fois. Loin de Cloud, Tifa et RED XIII du célèbre Final Fantasy VII, ici le joueur suit les tribulations d'un héros avec une queue de singe (Djidane), d'une cuistot à la langue bien pendue (Quina) ou d'un soldat plus proche de la nounou que du guerrier au passé tourmenté (Steiner). Le joueur n'a plus l'habitude de contrôler des héros aussi exotiques mais l'écriture est telle qu'il se prend d'affection pour chacun d'entre eux.
Aux portes du chef d’œuvre
Pour autant, Final Fantasy IX n'est pas le plus grand épisode de la saga. Cette idée d'entrecouper le jeu de scènes appelées Active Time Event, qui montrent aux joueurs ce qu'il se passe alors qu'il contrôle son héros, est bonne mais leur fréquence était bien trop élevée. À défaut de renforcer le scénario, ces scènes avaient tendance à casser le rythme. Il y a le combat aussi qui a beau être très dynamique, déroute toujours autant avec son système de Transe un peu brouillon.
Chaque fois que l'ennemi attaque, le héros touché fait grimper sa jauge de Transe et peut activer une nouvelle forme de combat. Plus puissante, cette forme libère surtout des capacités uniques telles que la projection de deux magies au lieu d'une pour Vivi (le Mage Noir du groupe) ou d'une attaque de zone pour Djidane. Mais le joueur est habitué à voir Cloud envoyer une attaque spectaculaire sur un boss ou Squall soulever sa Gunblade vers le ciel avant de fendre tout un groupe d'ennemis d'un rayon de lumière. Le combat de Final Fantasy IX était réussi (et démonte 90% des JRPG actuels) mais paraissait moins dynamique, moins démesuré que les précédents volets.


Et sur PC ?
Faute de versions Android ou iOS, nous ne pourrons pas nous prononcer sur la qualité d'adaptation, en revanche sur PC, tout n'est pas rose. Car c'est bien connu, le PC n'est pas aussi puissant qu'une PS1, Square Enix a donc eu des difficultés à remasteriser correctement son titre dessus (sentez bien toute l'ironie de la phrase). Pour commencer, le jeu ne reconnaît pas forcément votre manette et s'en explique dès le lancement sur Steam « Ce jeu n'a pas été conçu pour être utilisé avec une manette » (on frôle la mauvaise blague).
Il n'y a donc aucun souci si vous utilisez un Steam Controller, malheureusement avec un pad Xbox One, vous avez une chance sur deux qu'il ne soit pas reconnu. Ensuite, si comme nous, vous préférez y jouer sur l'écran de télé à l'aide du Steam Link, sachez qu'en décochant l'option fenêtré pour y jouer en plein écran... vous y jouerez en fenêtré ! Il faut donc laisser l'option pour que votre téléviseur 16/9 soit parfaitement rempli (avec les bandes noires obligatoires car son format 4/3 d'époque reste inchangé). Bien entendu, le jeu rame par moment, car encore une fois, un PC de 2016 est incapable de s'adapter à la puissance de la PS1. Et les chargements entre chaque combat ne sont pas trop longs, mais tout de même notables. Vous pouvez désactiver l'introduction de chaque combat (avec la caméra qui tourne autour de l'arène le temps que tout le monde apparaisse à l'écran), mais l'option marche une fois sur trois. On pourrait citer les quelques bugs aperçus, comme le bras de Steiner qui disparaît en gros plan lorsqu'il prend la pose de victoire, mais ce n'est que du «détail». Alors non, Square Enix et plus précisément Silicon Studio Thailand (responsable de l'adaptation) n'a pas fait du bon travail sur PC, et ce ne sont pas les ajouts inutiles qui changeront la donne (sauvegarde automatique, accélérer la vitesse de jeu, taper à 9999, etc). En revanche, si vous réussissez à brancher votre manette, découvrir Final Fantasy IX aujourd'hui reste encore une expérience mémorable. Sur PC, vous aurez l'impression de manger du caviar dans un bucket de KFC, mais le goût reste le même. Si vous avez le choix des armes en revanche, préférez la version PS Vita qui se contente d'émuler le jeu PS1 mais qui le fait bien.