Ce projet Kickstarter qui avait emballé la planète jeu vidéo a enfin foulé nos terres et c'est un soulagement.
D'une, parce qu'il est sorti. De deux, car en dépit de son budget « indé », Shiness charme immédiatement le joueur avec ses couleurs chatoyantes, un paysage ultra détaillé, et un univers manga à la française assumé et respecté.
Shiness soulage donc... (attention ça arrive) : « MAIS » !
La gourmandise, ce cruel défaut
Quand on a le budget pour cuisiner des œufs de lompe, on évite d'afficher du caviar sur sa carte. Et malheureusement, EniGami n'a pas su résister à l'appel de la 3D temps réel pour habiller son système de combat.
Résultat, les animations sont dépouillées, les soucis de caméra innombrables, le manque de pêche évident, et l'équilibre frôle la catastrophe sur certains boss.
On sent une volonté de se rapprocher des jeux Naruto de CyberConnect2. Mais le résultat est plus proche de la version Ubisoft, Rise of a Ninja, qui pêchait justement par sa baston approximative.
En revanche, le système est plutôt intéressant. On alterne entre nos différents héros d'une simple touche pour accéder à différentes spécialisations (corps à corps, magie).
On active une attaque Hyper en QTE (les touches s'affichent, il faut réussir la bonne combinaison) pour profiter d'une attaque dévastatrice assez réussie. Et avec le bon timing, on renvoie les sorts adverses (plusieurs fois si l'ennemi les renvoie à son tour) comme dans une partie de tennis.
Le fond est donc bon et généreux, mais la sentence est irrévocable... c'est surtout très pénible à jouer. Avec un budget aussi limité, le studio aurait mieux fait de viser le combat temps réel mais en 2D, ou un tour par tour plus modeste.
Le club des cinq
Dans Shiness, chacun des cinq héros a une particularité.
Chado fait apparaître des menhirs sur des mécanismes ou pour défoncer des parois, Kayenne utilise la télékinésie, tandis que Rosalya éclaire les zones sombres avec sa magie de feu.
On switche donc très souvent entre les cinq pour résoudre les énigmes et avancer dans le décor. À regret, ces énigmes sont un peu envahissantes par moment, on aurait souhaité un meilleur équilibre.
Sur une note plus rassurante
Shiness impressionne par ses jolis décors et surtout cette variété qui ne reflète jamais son appartenance au genre indé.
Le combat est pénible oui, mais se rattrape avec la gestion des Hyper, du switch de héros, des challenges pour débloquer des bonus, et des petits boosts en fonction de la situation (l'équipe redonne par exemple de la vie quand votre jauge passe sous les 75%, 50%, ou 25%, vous décidez. On sent que les développeurs ont aimé la série des Tales of).
Comme la musique est bonne (bonne, bonne, bonne), elle donne envie de visiter chaque paysage... et pardonne les doublages anglais peu inspirés. D'ailleurs, les joueurs PC ont l'exclusivité du doublage Maherian, la langue locale spécialement créée pour l'occasion. Mais on rassure les joueurs PS4 et Xbox One, ce n'est pas une grande perte. Mélanger des mots japonais à un charabia occidental et un accent italien peut être intéressant, mais il manque globalement de pêche.
Bref, Shiness est maladroit mais généreux, sa direction artistique mérite vraiment le coup d’œil, et il sait rester raisonnable en s'alignant à 29,99 € sur tous les supports.
On vous invite en revanche à attendre que la vague japonaise se calme un peu. Car il est très difficile d'apprécier l'offre avec Kingdom Hearts 1.5+2.5 et Persona 5 en face. C'est un peu comme débarquer sur les plages de Normandie en 1944 avec un couteau suisse. Il y avait sûrement un meilleur timing pour sortir... surtout après cinq ans d'attente.
Mais gardez en tête que ce RPG « Made in France » a beaucoup de charme.