Altered Carbon : en quoi le livre est-il différent de la série ?

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Du livre à l'écran, le processus de l'adaptation implique forcément des choix qui ne font pas toujours plaisir à tout le monde, et "Altered Carbon" n'échappe évidemment pas à cette règle.

Un livre plus dense et resserré

L'arrivée d'"Altered Carbon" sur Netflix a permis de mettre en avant le roman dont il est adapté : "Carbone Modifié" de Richard Morgan, publié en 2002. Un roman de quatre cents pages étant évidemment plus court qu'une série de deux saisons et dix-huit épisodes, les deux oeuvres ont, malgré leurs univers et personnages communs, pas mal de points de divergence. Et surtout, la série peut se permettre de prendre davantage son temps pour explorer le passé et les motivations de ses personnages.

Le parcours de la plupart d'entre eux, de la famille Bancroft à Vernon Elliot en passant par Laurens Bancroft ou Miriam Bancroft, a été retravaillé voire réécrit en profondeur, ce qui les rend parfois assez différents de leur version papier. À l'inverse, la série semble vouloir mettre beaucoup plus de distance avec le héros Takeshi Kovacs (Joel Kinnaman), en restreignant l'utilisation de la voix off là où le roman de Morgan met beaucoup plus en scène l'intériorité du personnage, notamment avec une pointe d'humour absente de son adaptation. Les souvenirs de Kovacs sont aussi en partie inspirés des autres romans de la trilogie Kovacs de Richard Morgan, "Anges déchus" et "Furies déchaînées".

Un monde moins manichéen

Ce travail différent sur les personnages se reflète également sur les méchants de la série. Un personnage comme le tueur à gages Dimitri Kadmin prend ainsi beaucoup plus de place dans "Carbone Modifié" que dans la série "Altered Carbon", où il n'est qu'une menace périphérique. Nul doute que son personnage, as de la discrétion au tempérament poète, aurait pu faire l'objet d'un focus plus poussé dans les saisons suivantes si la série n'avait pas été annulée pas Netflix au terme de sa saison 2.

À l'inverse, la série invente certains autres personnages pour se substituer à d'autres, comme celui de Monsieur Leung (Trieu Tran). Dans l'ensemble, "Altered Carbon" se veut aussi plus manichéenne et moins creusée dans ses dilemmes moraux que son modèle. Le dénouement de la saison 1 l'illustre notamment, creusant davantage l'univers de science-fiction de la série que son versant policier dit "hard-boiled", fait de flics durs à cuire évoluant dans un monde de ripoux.

Une série bardée de références

Ce soin apporté à l'univers dystopique d'"Altered Carbon" se retrouve non seulement dans le budget colossal de la série (Netflix avait, sans dévoiler le montant exact, expliqué que le budget de la saison 1 dépassait celui des trois premières de "Game of Thrones" cumulées), mais aussi dans le soin apporté à la réalisation. "Altered Carbon" se veut ainsi un melting-pot de nombreuses références pour imaginer un futur cohérent avec celui imaginé par Morgan.

Outre les autres romans du cycle Kovacs, la série a immédiatement soulevé des comparaisons avec "Blade Runner", le classique de Ridley Scott adapté des "Androïdes rêvent-ils de moutons électriques" de Philip K. Dick, ne serait-ce que par la personnalité de Takeshi Kovacs, très proche de celle de Rick Deckard. Les visions de la série sur le transhumanisme dressent quant à elles des ponts avec l'animation japonaise, avec en particulier "Ghost in the Shell" de Mamoru Oshii en tête. Autant d'influences qui donnent à la série son identité propre par rapport à son matériau d'origine.