Power, Narcos : ces doubles vies passionnantes dans les séries !

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La figure du anti-héros n'a jamais été aussi populaire dans les séries télé, et ce ne sont ni Power ni Narcos, deux séries dont le succès ne se dément pas, qui prouveront le contraire.

Power, la tentation de la rédemption

Si "Power" est devenu au fil des ans un véritable petit phénomène sériel au fil de ses six saisons, il le doit en partie à son charismatique héros, James St. Patrick alias Ghost, incarné par Omari Hardwick. Lancée à l'été 2014 sur la chaîne câblée Starz, la série criminelle était arrivée un peu en catimini, malgré la présence au générique du rappeur 50 Cent, crédité comme producteur exécutif. Portée par un casting constitué quasi exclusivement d'inconnus et d'habitués des seconds rôles télévisés, "Power" repose essentiellement sur son atmosphère racée, ses personnages bigger-than-life et ses multiples rebondissements. Mais sa principale force, c'est évidemment sa figure centrale, Ghost.

James St. Patrick est sur le papier un malfrat de série télé comme on en a vu des dizaines par le passé. Propriétaire d'un night-club très en vue, il ne rêve que d'une chose : développer un empire de la nuit dans New York. Seulement, St. Patrick est aussi à la tête d'un puissant réseau de trafic de drogue, l'un des plus importants de Big Apple. S'il veut s'élever dans la société new-yorkaise, il va devoir tourner le dos à son ancienne vie, une vie à laquelle on n'échappe jamais facilement.

En s'intéressant directement à un personnage qui n'aurait pu être qu'un méchant de plus dans une autre série, "Power" a su parler à son public, avec une histoire de rédemption comme la télévision américaine les adore. Car si la vie a conduit James St. Patrick à plonger dans le monde du crime et de la délinquance, c'est elle aussi qui va le conduire à changer pour lui, et pour sa famille. Résultat : "Power" fut à son apogée le plus gros succès d'audiences de l'histoire de Starz !

Narcos, l'ambiguïté d'Escobar

"Narcos" partage avec "Power" le fait que toutes deux reposent sur un protagoniste charismatique à la tête d'un empire de la drogue. La série de Netflix se penche même sur celui qui est probablement le plus célèbre de l'Histoire : Pablo Escobar, le narcotrafiquant qui, à la tête du cartel de Medellín, a fait régner la terreur en Colombie dans le courant des années 80. Sauf que sous les traits de l'acteur brésilien Wagner Moura, l'Escobar dont le portrait est présenté est beaucoup plus nuancé que celui d'un simple chef de gang sanguinaire, et explore la fascination que le personnage a suscitée au fil du temps.

L'ascension d'Escobar est aussi en creux un des chapitres de l'histoire politique contemporaine de la Colombie. Car si la série Netflix ne dédouane jamais Escobar des crimes dont il est à l'origine et du traumatisme qui persiste depuis en Colombie, elle explique aussi que son succès repose sur l'image qu'il a su se donner d'un homme du peuple. Pour ses soutiens, Escobar était aussi celui qui luttait contre la corruption politique galopante au sein de l'État. Mais aussi contre l'impérialisme américain, alors que l'ensemble de l'Amérique du Sud servait depuis des années d'un des champs de bataille de la guerre froide contre l'Union soviétique.

Porté par l'argent colossal récolté par ses activités illégales, Escobar était aussi un tribun, un politicien, avec un charisme qui le rendait très populaire auprès d'une partie de la population, et même de certains enfants. Pablo Escobar était donc une figure double, dans une Colombie où les forces qui luttaient contre lui étaient toutes aussi corrompues. Nul doute que ce portrait a particulièrement contribué au carton des deux premières saisons de "Narcos", qui ont même permis à la série de décrocher un spin-off sur Netflix, "Narcos Mexico".

Ces séries qui aiment brouiller les pistes

Si leur ton et leur décor sont radicalement différents, "Power" et "Narcos" se rejoignent en ce qu'elles ont réussi à renouveler chacune à leur manière la figure de l'anti-héros dans les séries. Les doubles existences de James St. Patrick et Pablo Escobar sont aussi passionnantes à suivre parce qu'elles sont en elles-mêmes créatrices d'histoires, de par les secrets qu'elles impliquent et les dangers auxquelles elles exposent leur héros. Les criminels de l'ombre, ceux qui se cachent derrière l'apparence de monsieur Tout-le-Monde et du citoyen modèle, ont donné quelques-uns des plus grands personnages de séries télé qui soient, du Walter White de "Breaking Bad" au "Marty Byrde d'"Ozark", en passant évidemment par le serial killer "Dexter".

Plus encore, ces deux séries n'hésitent pas à se confronter directement à un contexte politique et social très fort, où la frontière entre le bien et le mal importe beaucoup moins que celle entre le légal et l'illégal. Avec leur sens aiguisé de l'écriture, elles montrent que ces personnages en frontière de la zone grise auront toujours de beaux jours devant eux, pour le plus grand plaisir des sériephiles !