Il n’est pas facile à trouver lors d’une première visite, mais il vaut le détour. Créé en juin en 2014, le studio O’Bahamas est spécialisé dans tous les domaines liés au son post-production. C’est-à-dire le mixage, le montage son, le doublage, le bruitage ou l’enregistrement de voix off. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que son catalogue est fourni : documentaires, séries TV, films d’entreprise, pubs, mangas, cinéma, animation… De quoi attiser la curiosité ! Carole Tranchand, gérante des studios, a accepté de nous ouvrir les portes des studios O’Bahamas et de nous faire visiter les lieux.
Une journée pour mixer 10 minutes de film
Après avoir rencontré l’équipe qui travaille à O’Bahamas, nous avons le privilège de la voir en action. S’il n’y a pas d’enregistrement de doublage prévu ce jour-là, ce à quoi nous assistons vaut largement le coup d’œil. Première porte ouverte par Carole : celle du premier plateau, le plus grand, qui sert à l’enregistrement des doublages et au montage. Ce jour-là, Raphaël, ingénieur du son, s’occupe de mixer une séquence d’un film dont le titre est tenu secret. L’opération est minutieuse, puisque le mastering, le réglage du son et des pistes de 8 à 10 minutes de film prend… une journée entière !
Le second plateau, vide ce jour-là, est de taille plus modeste, et peut également accueillir des doublages. Les comédiens de doublage peuvent doubler seul ou à plusieurs, notamment les scènes de groupe. Précision : on ne dit pas doubleur, mais bien comédien de doublage. « Ils sont assez tâtillons là-dessus », reconnaît Carole. La variété des doublages effectués par O’Bahamas nécessite que les comédiens soient de vrais caméléons. Carole nous explique : « Le doublage pour l’animation est très différent d’un doublage de personnes réelles, dans un film par exemple. Dans l’animation, les comédiens doivent constamment exagérer, en particulier dans l’animation japonaise où la moindre respiration est jouée. Tous les comédiens n’arrivent pas à se transformer à ce point ! ».
Une séquence de bruitage sur un dessin animé
Finalement, Carole pousse une troisième porte. Une séquence de bruitage pour la célèbre série animée Ariol est en train d’être enregistrée sous nos yeux. Au milieu d’un bric-à-brac d’objets, Ludovic, bruiteur, frappe des mottes de terre afin de bruiter les pas du personnage qui apparaît sur un écran. « Il doit s’habiller avec des matières légères afin que le frottement de ses propres vêtements ne soit pas entendu sur l’enregistrement », indique Carole. Plus tard, ce sont les brins de paille d’un balai qu’il manipule pour simuler le bruit d’un parasol qu’on saisit. De l’autre côté de la vitre, JC enregistre tous les bruitages. Tous, en effet, parfois davantage que ce qui sera gardé sur l’épisode final, afin de proposer le plus de choses possibles. On l’avoue, voir tous ces métiers à l’œuvre a quelque chose de fascinant, et on se retrouve un peu dans la peau d’une gamine émerveillée pendant quelques minutes.
Mais pourquoi les lignes de doublage sont-elles manuscrites ?
Les studios O’Bahamas opèrent aussi dans un domaine important : le doublage de séries manga. Pendant notre visite, c’est Nolwenn qui prépare la bande de dialogue qui défilera sous les images de l’animé, à destination des comédiens. A l’aide du logiciel Noblurway Mosaic, elle répartit les répliques entre les différents personnages, indique quand ils doivent parler, et place des signes pour les ouvertures de bouche, à partir de la traduction brute qu’on lui a envoyé et des images qui défilent. C’est le moment de poser une question qui nous turlupine : pourquoi les lignes de dialogues lues par les comédiens sont-elles manuscrites ? « Au début, les phrases de dialogue étaient écrites sur du papier calque, raconte Carole. Quand les logiciels sont arrivés, l’écriture scripte a été gardée en mémoire de ce procédé, et parce que les comédiens s’y étaient attachés. » Là aussi, le manga dont s’occupe Nolwenn est tenu secret.
En somme, les studios O’Bahamas sont productifs et, s’ils travaillent sur des formats très différents, ils ont l’occasion de recevoir des projets importants. Ce qui n’est pas forcément évident ! « Faire exister un studio de doublage à Lyon, c’est un combat de tous les jours. Il y a toujours ce préjugé concernant la province par rapport à Paris », raconte Carole. O’Bahamas existe cependant, et a réussi à se faire sa place. Quels seront leurs prochains projets ?
Plus d'infos sur Digischool : 10 avantages à connaître des métiers du numérique