Jhon Rachid: le youtubeur raconte son enfance difficile dans sa BD «Comme on peut»

Le - modifié le - Par .

Jhon Rachid est un youtubeur qui n’a pas sa langue dans sa poche. Aux travers de ses vidéos, podcasts, sketchs ou encore bandes dessinées, il n’hésite pas à partager ses expériences personnelles et convictions. Zoom sur l’un des sujets qui lui tient particulièrement à cœur: les foyers d’accueil.

Jhon Rachid: de YouTube à la BD

Jhon Rachid, Mohamed Ketfi de son vrai nom, est aujourd’hui une star de Youtube. Mais le vidéaste, comédien et humoriste franco-algérien revient de loin. L’artiste s’est fait connaitre, en 2010, grâce à ses parodies d'émissions telles que MacGyver, K2000 ou encore Koh-Lanta. Il explose tout, par la suite, grâce à ses contenus critiquant des morceaux de rap intitulés «J'ai mal au rap». Il tourne par exemple en dérision Jul, Booba ou encore La Fouine. Toutes ses pastilles pleines d’humour rencontrent un immense succès. Il n’est donc pas étonnant de voir aujourd’hui que Jhon Rachid est soutenu par une communauté de plus d’un million d’abonnés.

Dans ses vidéos, John Rachid se raconte peu. Il décide tout de même de se confier sur son passé, en février 2018, dans une vidéo intitulée «J’ai grandi en foyer». Grâce à son auto dérision légendaire, le youtubeur ne s’apitoie pas sur son sort et explique la façon dont s’est déroulée son enfance difficile passée à Lyon.

«En gros quand j’étais petit, on habitait à cinq dans un 1 pièce, une conciergerie. Avec les murs qui s’effritent et les toilettes sur le palier.», explique-t-il. A l’âge de 7 ans, il est donc placé en foyer pour soulager financièrement ses parents. Il y restera dix ans. Suite à la publication de cette vidéo, Jhon Rachid reçoit de nombreux commentaires positifs mais aussi de nombreuses questions de ses internautes.

Le jeune homme décide alors de se dévoiler un peu plus dans une bande-dessinée. Jhon Rachid a partagé le premier tome de «Comme on peut», en 2019, et vient de sortir le troisième volet, au début de l’année 2021.

Jhon Rachid: comment a-t-il adapté son enfance en BD?

Passionné de bandes dessinées depuis tout petit, Jhon Rachid veut se lancer dans le neuvième art. Il se met en contact avec les éditions Michel Laffont et leur propose de raconter son enfance en foyer d’accueil. Deux ans après avoir initié le projet, l’humoriste rencontre enfin le dessinateur rêvé pour mettre en avant son récit émouvant et drôle. L-Kim, qui fait aussi du rap, est une évidence. «Son talent vient du fait qu’il arrive à dessiner des émotions. C’est difficile de dessiner des émotions. Moi j’ai des souvenirs, des odeurs et il est arrivé à mettre tout ça dans un livre et c’est incroyable.», raconte Jhon Rachid, sur France 2, dans l’émission «On est en direct».

L-Kim et Jhon Rachid travaillent alors sept mois sur les planches de «Comme on peut». La BD retrace le parcours du gamin de la DDASS, à Lyon. De sa conciergerie à son placement en foyer jusqu’à sa vie dans les familles d’accueil, le comédien et youtubeur se livre avec émotion dans les deux premiers tomes de la bande dessinée.

«Le foyer ce n’est pas facile quand tu es petit. Mais j’ai fait des trucs de ouf grâce au foyer, il ne faut pas se mentir. J’ai fait du ski tous les hivers, je suis allé à la plage tous les étés, j’ai fait quatre ans d’équitation.», détaille l’artiste dans ses vidéos YouTube.

Le tome 3 de «Comme on peut», sorti récemment, retrace les séjours en foyers de formation mais aussi le voyage en Algérie et la vie après le foyer de Mohamed.

Jhon Rachid va à l’encontre des stéréotypes sur les foyers

Jhon Rachid met en lumière les foyers d’accueil de manière positive grâce à sa bande-dessinée «Comme on peut». Il veut rendre hommage aux éducateurs qui sont souvent décriés dans les médias. La star de YouTube est consciente des violences de certains adultes envers les enfants mais il veut mettre en avant les personnes qui l’ont entouré et aidé à grandir.

«C’est une espèce de colo un peu plus strict où tu passes toute ton enfance. Et en foyer, en fait, tu es encadré par des éducateurs. Alors il y en a qui sont clairement là juste pour faire leur boulot. Ils faisaient leurs heures, des espèces de matons froids. Et d’autres qui étaient un peu plus impliqués, qui étaient un peu plus comme une deuxième famille et qui t’apprenaient des vraies choses de la vie. (…) Avec le recul, comment je respecte ce taf parce qu’il faut vraiment être altruiste pour faire ce métier.», explique Jhon Rachid dans la vidéo «J’ai grandi en foyer».

L’auteur sait ce qu’il doit aux éducateurs bienveillants qui l’ont soutenu dans ses projets: «Ils ne voient qu’après le résultat de leur travail. Si je dois les remercier je ne peux pas faire mieux que de leur montrer que j’ai réussi à faire quelque chose de ma vie mais aussi de les mettre en avant dans une BD.», explique-t-il dans le 12.45 sur M6.

Et Jhon Rachid a bien fait de partager son expérience à travers une BD. L’enfant de la DDASS est heureux des nombreux retours de son public. «Déjà, il y a ceux des gamins placés qui me disent : "Merci, on n'ose pas en parler. On a l'impression d'être seul et que personne d'autre ne vit ça". Alors qu'il y a des milliers d'enfants placés ! Il y a des éducateurs aussi qui m'ont dit : "On fait un travail qui n'amène pas de résultat immédiat, il faut attendre des années pour savoir si on a bien fait. Et quand on voit quelqu'un comme toi, on se dit qu'on ne le fait pas pour rien". Dès qu'il y a un retour sur la BD, ça me touche.», relate le vidéaste, fier, à Télé Loisirs.