Yannick L’Horty, professeur d’économie à l’université Paris-Est-Marne-la-Vallée et directeur de la fédération TEPP du CNRS, a dirigé cette étude en partant d’une statistique. Tous les ans, 46 000 étudiants décrochent en licence, et 75 000 (soit 20% des étudiants) sortent de l’enseignement supérieur sans diplôme. Et puisqu’aucune étude à ce jour n’avait fait de lien entre maîtrise orthographique et réussite universitaire, Yannick L’Horty a décidé de s’y atteler.
Une expérimentation menée sur 849 étudiants
Il a donc mené une expérimentation entre 2011 et 2014 sur plusieurs groupes d’étudiants, dans des universités différentes. Au total, ce sont 849 étudiants de première année de licence d’économie et gestion qui ont été observés. A la rentrée, pendant le TD « Méthodologie du travail universitaire », les équipes pédagogiques avaient pour mission d’expliquer aux étudiants le fonctionnement de la plateforme Projet Voltaire, à laquelle ils avaient gratuitement accès. Tout en insistant fortement sur les avantages que les élèves pouvaient en retirer pour améliorer leur orthographe et leur syntaxe !
La suite de l’expérience est plus intéressante : à l’issue de ce premier cours, les étudiants sont séparés en deux groupes, de façon aléatoire. L’un d’eux bénéficie d’un « encouragement fort » à utiliser la plateforme du Projet Voltaire, rappels à l’appui. L’autre n’a qu’un « encouragement faible » à utiliser la plateforme et à soigner son orthographe. Bien entendu, pendant les premières semaines qui suivent la rentrée, aucune différence entre les deux groupes n’est à noter. La moyenne générale des deux groupes reste stable en orthographe, syntaxe et grammaire, à 6,1/20. Un deuxième test est effectué à la fin du premier semestre, et là, les premières évolutions apparaissent.
Des notes qui augmentent de 0,5 à 1 point dans toutes les matières
Comme on peut s’y attendre, les étudiants encouragés à le faire passent plus de temps sur la Plateforme Voltaire… mais ils accroissent aussi leurs notes dans toutes les matières ! Ainsi, leurs notes augmentent de 0,5 à 1 point dans des disciplines scientifiques comme littéraires. Outre le lien établi entre l’amélioration de l’orthographe des étudiants et leur moyenne générale, l’étude permet aussi de mettre en lumière d’autres choses.
Ainsi, aucune différence de résultats n’est à noter entre ceux dont le français est la langue natale et les autres. Les filles ont également une moyenne orthographique supérieure à celle des garçons (7,1 points contre 6,0). Paradoxalement, si les étudiantes observées reçoivent un « encouragement fort » en orthographe, les notes obtenues dans certaines matières diminuent. « Le temps d’entraînement a pu se substituer au temps de travail dans d’autres disciplines », peut-on lire dans l’étude du Projet Voltaire. Enfin, sans surprise, les étudiants qui avaient obtenu une mention au bac obtiennent une note supérieure au test initial : 7,4/20 contre 6/20 pour les autres étudiants.