Enquête : qui sont les parents étudiants ?

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L'OVE (observatoire de la vie étudiante) a réalisé deux enquêtes via internet auprès de la population étudiante sur sa santé et ses conditions de vie. Il en ressort que 4,5% de la population étudiante a un enfant. C'est un chiffre bien moindre que dans les autres pays européens : en Norvège, un quart des étudiants ont un enfant. En Estonie et en Suède, c'est un cinquième. Ce n'est cependant pas un épiphénomène car cela concerne près de 110 000 étudiants. Voyons ce qui se cache derrière chiffres.

Qui sont les parents étudiants ?

Les parents étudiants sont plus nombreux dans les universités et grands établissements, ils sont rares dans les STS ou DUT. Ce sont majoritairement des étudiantes (5,0%, contre 3,8 % d’étudiants). Elles ont plus de 25 ans : la part de parents étudiants ayant moins de 24 ans est infinitésimale (moins de 1%). Il y a deux types de parents étudiants :  ceux qui sont en formation initiale et ont eu leurs enfants durant leurs études, et ceux qui ont eu leurs enfants alors qu'ils étaient dans la vie active et ont repris leurs études. Les seconds sont bien plus nombreux que les premiers. En effet, ils représentent 72 % des parents. L'âge moyen des étudiants parents, en général, est de 40 ans pour les mères et 38 ans pour les pères.

 

Pourquoi y-a-t-il des parents étudiants et pourquoi sont-ils si peu nombreux en France ?

Dans notre société, avant de faire un enfant, il faut avoir un emploi rémunérateur en contrat à durée indéterminée, et être dans une relation stable. Avoir un enfant durant ses études est un impensé social. Les grossesses durant cette période sont non désirées à 71%. 21 % des étudiants et 17 % des étudiantes n'ont pas utilisé de contraceptifs lors de leur première relation sexuelle.

Ces comportements sont très largement partagés en bas de l'échelle sociale. Et pour cause : 26% des étudiants dont les parents gagnent moins de 1500 euros par mois indiquent ne pas avoir utilisé de préservatif lors de leur première relation sexuelle. Par ailleurs les jeunes filles issues de milieux sociaux défavorisés sont les plus nombreuses à avoir renoncé à consulter un médecin pour la contraception, ou un gynécologue au cours des quinze derniers mois. (Elles sont 15 % pour celles dont les parents gagnent moins de 1500 euros, contre 6% pour celles dont les parents gagnent plus de 2500 euros.) Cependant, il faut noter que 85 % des grossesses ayant eu lieu durant les études finissent par un avortement, et chaque année 4% des étudiantes avortent.

Les parents étudiants sont peu nombreux en France car les études supérieures s'inscrivent dans la continuité des études secondaires. Les reprises d'études sont très peu fréquentes. Dans les autres pays européens, il est courant que la formation continue tout au long de la vie. Les parents reprenant des études représentant le plus gros contingent des étudiants parents dans tous les pays, il est normal qu'il y en ait moins en France.

 

Jongler entre cours et biberons

Parmi les parents étudiants, 82 % des femmes et 64% des hommes déclarent résider avec leurs enfants durant une semaine normale de cours. Cela est dû au fait qu'on confie souvent les enfants à la mère après la séparation. Par ailleurs, certaines grossesses se font en dehors du cadre d'un couple. Les conséquences pour les pères sont donc moindres. 25% des étudiantes mères estiment que cela perturbe leurs études, contre 10% des étudiants pères. D'ailleurs, 25% des étudiantes mères ont interrompu leurs études à cause de leur maternité, contre 14% des étudiants pères.

Les étudiantes expliquent cela par un désir de se consacrer pleinement à leur enfant, alors que les pères voulaient surtout travailler à temps plein et subvenir à ses besoins. Les parents étudiants n'assistent pas aux cours de certaines matières (22% d’hommes sont concernés, 35% de femmes). Les femmes invoquent pour l'expliquer des problèmes de garde (64%) et les hommes des raisons professionnelles (60%). 63% des parents étudiants ont un travail, contre 45% pour les étudiants sans enfants.

Cette activité est « très concurrente » de leurs études. 50% des hommes et 58% des femmes interrogés aimeraient consacrer plus de temps à leur travail personnel. Les mères s'occupant plus des tâches parentales en général, cela limite le temps qu'elles consacrent au travail personnel. La validation du premier semestre est moins fréquente pour les parents étudiants. Curieusement, la validation n'est pas corrélée au fait de vivre avec l'enfant ou non.

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