Les marques de son enfance
Eddy de Pretto est vraiment un chanteur dit "inclassable". Pour mieux comprendre cet adepte du mélange des genres, il faut remonter à son enfance. Né dans la banlieue de Créteil, il est confronté à l’image peu flatteuse de son environnement. Lui veut sortir du lot, d’autant que ses parents sont des fervents de la musique française à textes, comme Brel, Brassens ou Nougaro.
Un langage qui lui parle, et qui n’est pas forcément le style de sa banlieue. Alors il ne tranche pas, mais préfère conjuguer ces deux genres musicaux. Le rap va lui servir à s’extérioriser et à exprimer ce qu’il dénonce. La vieille chanson française, avec sa poésie et son beau phrasé, deviendra la béquille de sa diction. Une nouvelle figure musicale, qui se rapprocherait de celle de Stromae ou de Grand Corps Malade.
Une poésie urbaine
Un seul album aura suffi à donner corps à la musique d’Eddy de Pretto, et à le mettre dans la lumière. Ses chansons coups de poing, dans une diction recherchée, font mouche, et intriguent un public qui recherche la nouveauté. Son premier opus "Cure" est un cocktail de réalisme, de poésie et d’intimité. Un feu d’artifice de mots crus à l’image de Gainsbourg, en prônant un minimalisme instrumental. Son éloquence est soignée, son écriture fluide, et ses sujets sont mûris.
Chaque mot est pesé, exprimant ses propres expériences, ses doutes et ses dualités. Un amoureux de la langue française qui, malgré ses 24 ans à la sortie de l’album, tient déjà les codes de l’écriture lyrique. Sa vie familiale est décortiquée sans retenue dans "Mamere" ou "Kid" : "Tu tiendras dans tes mains, l’héritage iconique d’Apollon", une manière aussi de parler de son homosexualité sans vraiment l’afficher, avec finesse.
Dans son hit "Beaulieue", il décrit Créteil d’une manière poétique : "Tu es fleurie remplie de pâquerettes et d’incendies". Sa sincérité touche, interroge et intéresse toutes les classes sociales, ses textes s’inscrivant parfaitement dans les problématiques actuelles de la société.
La culture du spectacle
Dès son adolescence, Eddy de Pretto est attiré par le monde du spectacle, le théâtre et les musées. Il prend des cours de théâtre à l’âge de 13 ans, où il se familiarise avec Marivaux ou Beckett. Il se forge ainsi une solide culture, comme le montrent ses chansons. Son flow a l’énergie du rap, tout en conservant l’héritage parolier de grands noms.
Bête de scène malgré son physique malingre, il interpelle par la grâce de son langage et son sens de la mise en scène. Il n’attire pas seulement le grand public, il plaît aux médias, aux personnalités de la mode, et se fait inviter à chaque festival de renom. L’interprète de "Quartier des lunes" a brisé ses complexes, il est entré dans la cour des grands.